L'héritage du moine trop économe.
Un solitaire de Nitrie, qui ignorait que Notre-Seigneur Jésus-Christ a été vendu pour trente pièces d'argent, ayant, plutôt par épargne que par avarice, amassé durant sa vie cent écus à filer du lin, tous les solitaires de ce lieu-là qui habitent en diverses cellules jusqu'au nombre d'environ cinq mille, s'assemblèrent pour penser à ce qu'il était à propos de faire de cet argent. Les uns furent d'avis de le distribuer aux pauvres, les autres de le donner à l'église, et quelques-uns de l'envoyer aux parents du mort. Mais saint Macaire, saint Pambon, saint Isidore et les autres plus anciens d'entre les Pères ordonnèrent, le Saint-Esprit parlant par leur bouche, qu'on enterrerait cet argent avec le mort, et qu'on dirait ces paroles sur le corps : « Que ton argent périsse avec toi. » Sur quoi afin que personne ne s'imagine que ce jugement fût trop rigoureux, il suffira de savoir qu'il imprima une telle crainte et une telle terreur dans l'esprit de tous les solitaires d'Égypte, qu'ils mettent maintenant au rang des grands crimes de laisser seulement un écu après leur mort. (Ruffin, 21.9. P. L., 73, 810.)