TRAITÉ CONTRE LES SECONDES NOCES.
Traduit par l'abbé J. DUCHASSAING
Tome II, p. 181-188
ANALYSE. L'auteur expose d'abord et puis réfute les trois motifs qui portent ordinairement les veuves à se remarier, l'espérance d'une meilleure condition, l'amour du monde et la faiblesse de la chair. — Puis il déclare que son intention n'est point de blâmer les secondes noces que saint Paul autorise, et que l'Eglise reconnaît pour légitimes. — Il observe seulement que la veuve qui se remarie donne une grande marque de faiblesse et de sensualité, fait paraître un esprit attaché à la terre, et laisse apercevoir combien peu lui est chère la mémoire de son premier mari. — Elle ne peut aimer le second autant qu'elle a fait le premier ; et ce nouvel engagement soulève contre elle ses parents, ses serviteurs, et surtout les enfants qu'elle a eus de son premier mariage. — C'est donc pour dissuader les veuves de contracter de secondes noces que les législateurs ont voulu en bannir tout éclat, montrant ainsi qu'ils ne les permettent qu'à regret. — Il terminé par l'éloge de la viduité qu'il rapproche de la virginité, et il dit qu'elle en partage la gloire et les mérites.
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Dans son premier livre contre les secondes noces, saint Jean Chrysostome s'était adressé en particulier à une jeune veuve, mais ici il parle en général à toutes les veuves, et il les exhorte à ne point se remarier. C'est pourquoi l'on doute que ce second livre ait été écrit pour la mime personne que le premier, et l'on pense qu'ils n'ont été réunie que parce qu'ils traitent l'un et l'autre du même sujet. Observons encore que parmi les motifs qui devaient éloigner ces veuves d'un second mariage , le saint docteur place au premier rang l'expérience qu'elles avaient faite des ennuis de l'union conjugale, et l'aveu qu'elles avaient souvent réitéré du bonheur des vierges qui ne connaissent pas ce joug insupportable. Mais ni ces plaintes, ni ces dispositions ne sauraient convenir à la veuve de Thérasius. Car elle n'avait goûté que les douceurs et les charmes du mariage, et en avait ignoré jusqu'aux moindres amertumes. Quoi qu'il en soit, saint Chrysostome se propose, dans ce second livre , d'éloigner des secondes noces les veuves qui ne s'y porteraient que par des motifs humains. Il parcourt ces divers motifs, et les réfute victorieusement. La forme de ce traité est, comme dans tous les écrits de saint Chrysostome, celle d'un discours oratoire ; le style en est brillant et rapide, et le raisonnement pressé et incisif. ↩