22.
3° Pour rougir davantage de cette cupidité qui vous condamne à. l’impuissance par rapport au salut, pour mieux comprendre la honte de votre conscience souillée, représentez-vous le démon avec ses serviteurs, c’est-à-dire avec les réprouvés: il s’avance en présence du peuple chrétien, et là, sous les yeux du Christ, il parle en ces termes : Tu vois ce peuple qui est avec moi; pour lui je n’ai été ni souffleté, ni flagellé, ni crucifié, ni mis à mort; je n’ai pas racheté ma famille au prix de mes souffrances et de mon sang; je ne leur promets pas le royaume céleste; je ne leur rouvre pas le, paradis en leur rendant l’immortalité. Vois pourtant au prix de quelles sommes, au prix de quel travail, ils achètent l’honneur de me servir. Ils engagent ou vendent leurs biens pour obtenir des charges, et, s’ils échouent dans leur entreprise, ils sont poursuivis par les (343) injures et les sifflets; ils sont presque lapidés par la fureur populaire. Montre-moi, ô Christ, ces disciples formés à ton école, qui attendent les biens du Ciel en échange de ceux de la terre. S’ils sont riches, à la face de toute l’Église, sous tes yeux, agiront-ils comme les miens? Dépenseront-ils leur fortune, l’engageront-ils, où plutôt, selon ton expression, la -transporteront-ils dans les trésors célestes? Dans ces honneurs terrestres que me rendent mes disciples, il n’y a personne à nourrir, personne à vêtir, personne à consoler dans sa détresse: les sommes énormes qui se dépensent, pour éblouir un peuple stupide, s’engloutissent follement dans le gouffre de la volupté. Mais toi, tu es vêtu et nourri dans tes pauvres; tu promets la vie éternelle à ceux qui font des bonnes oeuvres, et c’est à peine sites disciples, qui attendent de toi la récompense céleste, peuvent se comparer aux miens qui doivent périr pour toujours.