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Werke Wüstenväter Les pères du désert
CHAPITRE III SOLITUDE ET DÉPOUILLEMENT

II. — Le dépouillement.

Ceux qui, ayant compris le bienfait d'une cure de silence, transportent leur vie au milieu des champs et des bois, ne se sont pas mis à l'abri de tous les ennemis. Ils ne sont pas aptes aux travaux de l'ascèse s'ils emportent quelque chose avec eux, s'ils ont encore le moyen de se procurer les commodités et les agréments de l'existence. « Nous tous qui nous avançons pour combattre, dit saint Grégoire, nous avons devant nous les malins esprits. Mais les esprits ne possèdent rien au monde. Ils sont nus et nous devons être dépouillés, nous aussi, pour lutter avec eux. Celui qui, revêtu de ses habits, lutte avec un adversaire nu sera vite jeté à terre, car il lui offre une prisé facile.

L'apprenti ascète doit donc renoncer à tous ses biens et s'interdire l'espoir de retrouver une fortune. Le dépouillement complet est exigé des anachorètes comme des cénobites. Au novice qui vient d'être admis dans le monastère on ne laisse même pas l'habit qu'il porte sur lui. Ces exigences paraîtraient-elles excessives? Dirait-on qu'un programme de culture morale qui débute ainsi ne peut intéresser qu'une catégorie particulière? Cependant saint Jean Chrysostome qui ne se perd pas en considérations théoriques présentait cette leçon aux riches d'Antioche : « Si quelqu'un de haute condition va visiter ces déserts, il voit d'abord dans la pauvreté de ces solitaires tout ce qu'il y a de valu et de fastueux dans sa vie. »

La société qui souffre de tant de défaillances, d'infidélités, de rivalités, d'injustices criminelle, fruits de la cupidité, n'a-t-elle pas intérêt à étudier la manière qu'ont les solitaires de combattre et de vaincre cette funeste tendance?

On met au rang des moralistes les romanciers et les dramaturges qui étalent les conflits entre l'honneur et le profit, l'amitié et l'argent. Mais donnent-ils une leçon efficace? Les tableaux de la défaite de la vertu dans tous les milieux ne laissent-ils pas l'impression d'une force naturelle supérieure à la conscience, dont l'action se développe nécessairement. Les critiques et les blâmes ne font-ils pas l'effet de vaines protestations?

Au contraire l'exemple de la répression énergique des convoitises entièrement dominées, rend leur force aux réclamations de la conscience.

Sans doute l'idéal de l'âme s'élevant et se maintenant au-dessus des cupidités peut être poursuivi au sein des richesses, mais il est facile de se laisser reprendre par le courant, contre lequel il faudrait lutter, et ceux qui se laissent ainsi aller n'osent s'avouer leur négligence. Leurs excuses, leurs illusions, leurs aveuglements volontaires sont à l'origine de nombreuses perversions du sens de la justice. Comment expliquer autrement les innombrables procès et conflits entre gens respectables? L'honnête homme chatouilleux sur sa réputation d'intégrité, sera averti par la rigueur du traitement suivi par les ascètes, et sera incité à examiner la nature et la force des liens qui l'attachent à sa fortune.

Après l'acte courageux du début la vigilance est encore nécessaire.

Les conséquences de cet abandon sont tempérées chez les cénobites par la charge qui incombe au monastère de veiller à leur subsistance et à leur entretien, mais d'autre part l'ascète qui vit seul dans sa grotte ne dépend de personne dans la disposition de son avoir, si modique soit-il.

Les Pères ont bien discerné ces deux tendances que doit réprimer la pratique de la pauvreté volontaire, la propension à satisfaire ses désirs et à exagérer ses besoins, et l'instinct du propriétaire, l'ambition de se sentir le maître, de pouvoir dire : « Ceci est à moi. » Ils distinguent le mérite de la pauvreté effective et des privations courageusement supportées, et celui de la dépendance complète et continuelle. Ils ont connu des solitaires souffrant de l'indigence qui préféraient garder leur petit bien, plutôt que d'entrer dans un cénobium où ils ne manqueraient de rien, mais où ils n'auraient rien à eux en propre.

Ces analyses au microscope ne peuvent-elles pas profiter à ceux qui prétendent faire de leurs richesses un usage vertueux?

« Mon but, écrit Pallade au richissime Lausus, en lui présentant son recueil, c'est qu'ayant là un memento vénérable et salutaire à l'âme... tu te débarrasses de toute convoitise déraisonnable, et d'autre part de toute ladrerie dans les choses nécessaires… C'est pourquoi montre ton courage en n'embrassant pas la richesse... Tu l'as réduite par tes aumônes. »

A cet homme qui vivait dans le plus grand luxe et qui avait réuni dans sa magnifique demeure des meubles précieux et des merveilles de l'art, le présent de Pallade venait poser les questions. « L'indigence a-t-elle sur tes revenus la part convenable? Au souci de tes intérêts légitimes ne se mêle-t-il aucune préoccupation aucune inquiétude, ton âme est-elle entièrement dégagée et uniquement désireuse des biens invisibles, qui font la joie de l'ascète dans son dénuement? »

Une conséquence du dépouillement est le rappel de l'obligation du travail. « Nous n'avons mangé gratuitement le pain de personne, mais nous avons travaillé jour et nuit de nos mains. » Les anachorètes étaient pressés par la nécessité; ils s'adonnaient le plus souvent à la culture et à la sparterie.

Le cénobite ne doit pas se dispenser du travail en comptant sur les biens du monastère; il devra être appliqué à un métier. Dans la clôture où habitent des centaines de moines, il y a divers ateliers, des tailleurs, des charpentiers, des forgerons, des foulons, des tanneurs, des cordonniers, c'est une vraie cité ouvrière.

Les moines vendaient le produit de leur travail ou allaient se louer, spécialement au temps des moissons. On les prémunissait contre la tentation de s'attacher à la petite somme qu'ils recevraient. Ils ne devaient rien meure trop de côté pour eux-mêmes. Ils devaient laisser s'exercer la sollicitude de la Providence. Pior va plusieurs années de suite faire la moisson chez un propriétaire qui ne le paie pas.

Par contre on n'est pas dispensé de travailler par le fait que la subsistance est assurée.

Par le travail l'homme pécheur paye ses dettes à Dieu ; le travail est un exercice salutaire. Il est aussi un remède à l'ennui et à la tristesse, cet ennemi moins violent mais plus nuisible que d'autres.

Nous ne pouvons apprécier l'action des moines d'Egypte sur le progrès matériel de leurs contemporains, mais ils ont donné l'exemple de cette bienfaisante influence à ceux qui ont défriché notre sol des Gaules, et ils ont affirmé la grandeur et la noblesse de la soumission à la loi du travail.

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