Le travail des mains
C'était une nécessité pour ceux qui ne possédaient rien de suffire à leurs besoins par le travail.
Il y a d'ailleurs d'autres motifs de cette obligation qui a passé dans la règle de saint Benoît et dans les règles monastiques.
Cet apôtre continue de parler à ce peuple : « Car il n'y a rien, dit-il, de déréglé dans la vie que nous avons menée parmi vous. » Lorsqu'il prouve par son assiduité dans le travail qu'il n'y a rien eu de déréglé ni d'inquiet dans sa vie, il montre par une suite nécessaire que ceux qui ne veulent point travailler, tombent par leur oisiveté dans le dérèglement, et qu'ils deviennent inquiets.
Il ne dit pas simplement : Nous n'avons mangé gratuitement le pain de personne, sans passer outre. On eût pu dire, qu'encore qu'il n'eut pas été nourri de leurs aumônes, il se nourrissait peut-être du bien qu'il possédait autrefois dans le monde, ou de quelque argent qu'il aurait eu d'ailleurs, ou qu'il se serait réservé, sans gagner de quoi vivre par le travail de ses mains. « Mais nous avons, dit-il, travaillé de nos mains nuit et jour avec peine et avec fatigue; c'est-à-dire, nous avons gagné de quoi vivre par notre travail. » « Nous ne travaillons pas, dit-il, simplement par caprice ou par divertissement, comme pour nous délasser de la prédication de l'Evangile, et pour donner quelque exercice à notre corps, mais nous y sommes contraints par la nécessité d'avoir de quoi vivre. Car je ne travaille pas seulement durant le jour mais la nécessité de gagner de quoi vivre me presse d'y ajouter encore les nuits, qui sont données au reste des hommes pour se délasser de leur travaux.
« Ce n'est pas, ajoute saint Paul, que nous n'en eussions le pouvoir, mais nous avons voulu nous donner nous-même pour modèle, afin que vous nous imitassiez. » Il découvre par ces paroles la véritable cause qui le portait à travailler : « Nous avons voulu, dit-il, nous donner pour modèle que vous puissiez imiter, afin que s'il arrivait que vous missiez en oubli les instructions que je vous ai si souvent réitérées par ma prédication, vous eussiez au moins toujours présent dans l'esprit, l'exemple de la vie que j'ai menée parmi vous, et que vous avez vue de vols propres yeux. » (Inst., X, 8, 10. P. L., 49, 375.)