V. 8
« Toutes les choses du monde sont difficiles ; l'homme ne saurait les expliquer par ses paroles. L'oeil ne se rassasie point devoir, et l'oreille ne se rassasie point de ce qu'elle entend. » Il est également difficile de pénétrer les secrets de la nature, d'avoir la connaissance de la physique, et de savoir exactement toutes les règles des moeurs. Nous ne pouvons par tous nos discours expliquer à fond ou rendre raison de la nature de chaque chose. Les yeux de notre esprit n'ont pas assez de vivacité pour nous découvrir toutes les beautés du sujet que nous méditons , et notre docilité ne saurait suivre les pensées d'un habile maître qui voudrait nous remplir de ses connaissances. Car si nous ne voyons en cette vie les choses que comme enveloppées d'énigmes et d'obscurités, si toutes nos connaissances sont imparfaites, aussi bien que nos prophéties, il suit nécessairement de cette imperfection que nous ne pouvons point expliquer ce que nous ne connaissons pas , que nos yeux sont trop faibles pour percer dans les ténèbres, et que nos oreilles ne peuvent se remplir de l'incertitude des choses que nous entendons. Il faut encore remarquer que toutes sortes de sciences sont très difficiles, et qu'on ne les acquiert qu'avec beaucoup de peine et de travail , ce qui condamne l'oisiveté, et la négligence de ceux qui s’imaginent qu'il suffit de désirer d'être savant dans les saintes Ecritures pour en avoir une parfaite connaissance: Contra eos qui putant otiosis sibi, et vota facientibus venire notitiam Scripturarum.