V. 16
« J'ai vu encore ceci dans les jours de ma vanité : le juste périt dans sa justice, et le méchant vit longtemps dans sa malice. » Le Sauveur du monde nous a dit dans l'Evangile quelque chose d'approchant : « Celui qui trouve son âme la perd; celui qui l'aura perdue pour l'amour de moi la trouvera. » Les Machabées , qui ont perdu la vie pour ne pas violer la loi de Dieu et trahir la justice, ont paru aux yeux des hommes périr dans leur justice; on l'a cru de même de tous les martyrs qui ont versé leur sang pour Jésus-Christ : au contraire les Juifs qui mangèrent, du temps d'Antiochus, de la chair de pourceau , et ceux qui ont sacrifié aux idoles depuis la venue de notre seigneur Jésus-Christ, ont vécu longtemps dans ce monde et ont vieilli dans leur malice; mais on sait que cela vient de la patience de Dieu, dont les jugements sont impénétrables: il permet pendant cette vie que les saints souffrent bien des maux et qu'ils gémissent sous l'oppression ; il ne punit point les pécheurs comme leurs crimes le méritent, les réservant comme des victimes qu'il doit immoler à sa colère; et tout cela n'arrive que parce qu'il a en vue de donner aux justes des récompenses et des biens éternels, au lieu qu'il réserve aux impies des peines et des supplices qui n'auront point de fin. Les Hébreux pensent que les justes qui ont péri dans leur justice sont les enfants d'Aaron , parce qu'en croyant bien faire ils offrirent à Dieu un feu étranger qui les dévora; ils prétendent aussi que le roi Manassé est l'impie qui a vécu longtemps dans sa malice, parce qu'il remonta sur le trône après avoir été captif, et qu'il régna depuis dans Jérusalem pendant une longue suite d'années.