V. 18
« N'ajoutez pas péchés sur péchés, et ne devenez pas insensé. Pourquoi mourez-vous avant votre temps? » Le Seigneur nous assure qu'il ne veut point la mort de celui qui meurt; il veut seulement qu'il retourne à lui et qu'il vive. Nous devons donc nous contenter d'avoir commis un seul péché, et tâcher de nous relever promptement de cette chute ; car s'il est vrai, comme nous l'apprennent les naturalistes , que les hirondelles savent rendre la vue à leurs petits en se servant d'une herbe appelée chélidoine, dont elles nous ont découvert la vertu et la propriété ; s'il est vrai encore que les chevreuils blessés courent pour trouver l’herbe nommée dictame , pourquoi sommes-nous assez peu instruits pour ignorer que la pénitence nous est proposée comme le remède de tous nos péchés?
Ce qui est dit ensuite : Ne moriaris in tempore non tuo , « de peur que vous ne mouriez avant votre temps, » nous fait souvenir de l'histoire de Corée, Dathan et Abiron, qui furent engloutis tout vivants dans la terre qui s'ouvrit sous leurs pieds , en punition de leur révolte contre Moïse et Aaron son frère. Nous savons aussi que, pour servir d'exemple aux autres et pour les obliger à se convertir, il y a eu bien des personnes qui ont péri malheureusement, et qui ont été jugées dès cette vie avant le jour du dernier jugement. Ce que l'Ecclésiaste veut donc dire doit se prendre de la sorte : N'ajoutez pas péchés sur péchés , de peur que vos crimes n'obligent la justice de Dieu à vous châtier et accabler de supplices.