VIII.
Eh bien! que l'on se marie deux fois, si tout ce qui est permis est bon. Le même Apôtre s'écrie: «Tout. est permis, mais tout n'est pas expédient.» Je te le demande, ce qui n'est pas utile, peut-on l'appeler bon? Si des choses qui ne profitent pas au salut sont permises, il s'ensuit que des choses qui ne sont pas bonnes sont permises également. Or, que dois-tu préférer de ce qui est bon parce qu'il est permis, ou de ce qui est bon en soi parce qu'il est utile? De la liberté à l'utilité il y a loin, si je ne me trompe. On ne dit pas de ce qui est bon, cela est permis, parce qu'un bien n'attend pas qu'on le permette; il se prend. Qu'est-ce donc que l'on permet? Ce dont la bonté est douteuse, ce qu'on pourrait ne pas permettre sans quelque cause première qui justifie la condescendance. C'est pour prévenir l'incontinence que le second mariage est permis, parce que si le choix de quelque chose qui n'est pas bon n'était pas laissé aux fidèles, il ne resterait plus aucun moyen de discerner où est celui qui obéit à Dieu et celui qui obéit à ses penchants; qui de nous cherche l'utilité ou court après son plaisir. La permission est le plus souvent la pierre de touche de la fidélité, parce que la fidélité à la loi s'éprouve par la tentation, et que la tentation opère par la permission. De là vient «que tout est. permis, mais que tout n'est pas expédient,» puisque celui qui est libre est tenté, et que son jugement se prononce; pendant qu'il est tenté. Les Apôtres avaient aussi la permission de se marier et de conduire avec eux leurs épouses; il leur était permis encore de vivre de l'Evangile: mais celui qui ne voulut pas profiter du bénéfice de celle permission nous engage à marcher sur ses traces, en nous apprenant que celle liberté n'est qu'une épreuve dans laquelle la condescendance est tournée au profit de la continence.