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CHAPITRE VII. CHARITÉ
III. — Fioretti.

L'hospitalité.

Le saint abbé Apollon nous donna aussi en particulier plusieurs autres instructions très salutaires touchant la manière dont on se doit conduire dans l'abstinence, la pureté d'esprit qu'il faut apporter dans la conversation, et l'affection qu'on doit avoir pour l'hospitalité. Il nous recommanda sur toutes choses de recevoir les frères qui nous viendraient visiter comme nous recevrions Jésus-Christ même ; et il disait que c'est de là que procède la tradition de se prosterner devant les frères qui nous viennent voir, comme si on voulait les adorer; parce qu'il . est certain que leur avènement représente celui de Notre-Seigneur, qui dit : « Lorsque j'ai été pèlerin vous m'avez reçu. » Et Abraham reçoit en cette manière ceux qui ne paraissaient être que des hommes mais dans lesquels il considérait son Seigneur. Il ajoutait que l'on doit aussi quelquefois contraindre les frères à donner du repos à leur corps, quoiqu'ils ne le désirent pas, et apportait pour cela l'exemple du bienheureux Lot, qui mena par force les anges loger chez lui. (H. M., 7. P. L., 21, 418.)

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Environ ce temps Denis prêtre et économe de l'église de Tantyre, lequel était extrêmement ami de saint Pacôme, ayant appris qu'il ne recevait pas dans son monastère les solitaires des autres maisons qui le venaient voir mais les faisait loger dehors, fut touché d'un extrême déplaisir, et le venant trouver plutôt pour lui faire des reproches que pour lui donner des avis, lui dit : « Vous faites fort mal, mon père, en ne rendant pas également à tous les frères la charité que vous leur devez. » Le saint reçut cette correction avec une extrême patience, et lui répondit : « Dieu sait quelle est mon intention, et l'affection paternelle que vous avez pour moi, fait aussi que vous ne pouvez ignorer que je suis si éloigné de mépriser quelqu'un, que je n'ai jamais donné sujet de déplaisir à personne. Comment donc oserais-je faire ce que vous dites, puisque j'attirerais sur moi la colère de Dieu, qui dit si clairement dans l'Évangile : « Je tiendrai comme fait à moi-même ce que vous aurez fait au moindre de tous mes frères ? » Je vous supplie donc, mon révérend père, de recevoir cette véritable excuse, et de croire que je n'ai nullement fait ce que vous improuvez ni par éloignement, ni par mépris des solitaires qui me viennent visiter. Mais d'autant qu'ayant reçu dans cette maison un grand nombre de personnes, entre lesquelles il y en a plusieurs nouvellement converties à Dieu, je reconnais par expérience que leurs inclinations sont fort différentes, et j'en ai vu quelques-uns si ignorants de notre manière de vivre, qu'ils ne savent pas seulement quel est notre habit, et d'autres dans une telle simplicité qu'ils ne sauraient distinguer leur main droite d'avec leur main gauche. Ce qui m'avait fait juger plus à propos de recevoir au dehors avec tout l'honneur qui se peut les solitaires qui nous viennent visiter, sans croire par là leur manquer de respect, mais au contraire pensant leur en rendre un beaucoup plus grand, vu principalement qu'ils se trouvent aux heures de l'office pour servir Dieu avec nous, et puis s'en vont se reposer dans le logement qui leur est préparé, tandis que je donne ordre, autant que je le puis selon Dieu, de faire qu'il ne leur manque rien de ce qui leur est nécessaire. » Ce bon prêtre après l'avoir entendu parler de la sorte, approuva et loua sa conduite, et vit clairement qu'il agissait en toute chose par l'Esprit de Dieu. Ainsi recevant une grande consolation de l'éclaircissement qu'il lui avait donné, il s'en retourna avec joie. (Vit. Pac.,138. P. L., 73, 252.)

L'hospitalité de ces heureux temps ignorait la variété de traitement que le nationalisme ou la différence des langues tend à créer.

Apollon nous parla durant toute la. semaine de la sorte que je viens de dire et nous tint plusieurs autres semblables discours de la manière de vivre des solitaires, en confirmant la vérité de sa doctrine par l'autorité de ses miracles. Lorsque nous eûmes pris congé de lui, il voulut nous accompagner un peu, et nous donna encore cette instruction : « Sur toutes choses, nous dit-il, mes très chers enfants, vivez ensemble dans une grande union, et ne vous divisez point les uns les autres. » Puis se tournant vers les solitaires qui étaient venus avec lui, il leur dit : « Lequel d'entre vous, mes frères, veut bien les conduire jusqu'au prochain monastère des pères qui demeurent dans ce désert? » Sur quoi s'étant presque tous offerts avec grande affection, et voulant venir avec nous, il en choisit trois parmi ce grand nombre, qui savaient fort bien les langues grecques et égyptiennes, afin de nous pouvoir servir d'interprètes, s'il arrivait que nous en eussions besoin, et nous édifier par leurs entretiens; et il leur ordonna de ne nous point quitter que nous n'eussions vu tous les pères et tous les monastères que nous désirerions, lesquels sont en si grand nombre qu'il n'y a personne qui les puisse tous visiter. Il nous laissa aller ensuite après nous avoir donné sa bénédiction en ces termes :

« Je prie le Seigneur de répandre du haut de Sion sa bénédiction sur vous; et que vous considériez durant tous les jours de votre vie quels sont les biens dé l'éternelle Jérusalem ». (H. M., 7. P. L., 21, 419.)

Le devoir de l'hospitalité prime les résolutions de jeûne et la règle du silence.

Deux solitaires étant venus voir un saint vieillard qui passait d'ordinaire un jour entier sans manger, il les reçut avec joie et il leur dit : « 11 est vrai que le jeûne a son mérite et sa récompense : mais celui qui mange par un pur mouvement de charité accomplit en même temps deux préceptes, l'un de renoncer à sa propre volonté et l'autre de bien recevoir ses frères. » (Pélage, XIII, 10. P. L., 73, 945.)

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Un solitaire en étant venu visiter un autre, il lui dit en le quittant : « Pardonnez-moi, mon père, de ce que je vous ai fait rompre votre règle. » « Ma règle, lui répondit ce saint homme, est de pratiquer la vertu d'hospitalité envers ceux qui viennent me voir et de les renvoyer en paix. (Pélage, XIII, 7. P. L., 73, 945.)

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Lorsque nous fîmes notre voyage de Syrie en Egypte, pour nous instruire des maximes des anciens solitaires de ces lieux, nous admirâmes la joie et la bonté avec laquelle on nous recevait partout. On n'observait point là ce que nous avons vu dans tous les monastères de la Palestine, où l'on attend à faire manger les frères qui les vont voir jusqu'à ce que l'heure des repas soit venue, excepté seulement les jours du mercredi et du vendredi, qui sont des jours consacrés. On rompait le jeûne en tous les endroits où nous allions, aussitôt que nous y étions arrivés.

Et comme nous nous informions auprès d'un de ces pères, pourquoi ils rompaient si indifféremment le jeûne de chaque jour, il nous répondit : «Je puis jeûner ici tous les jours, mais je ne puis pas vous avoir avec moi tous les jours; et vous m'allez quitter dans un moment. Quoique le jeûne soit utile et nécessaire, c'est néanmoins comme une offrande que nous faisons librement à Dieu et par le pur mouvement de notre volonté. Mais c'est une nécessité inévitable de vous recevoir avec charité, et de rendre aux hôtes ce que la charité nous commande. C'est pourquoi recevant Jésus-Christ en vos personnes, je lui dois donner à manger; et lorsque vous m'aurez quitté il me sera aisé de reprendre ensuite sur moi par quelque abstinence extraordinaire l'indulgence que je me serai accordée pour mieux recevoir Jésus-Christ. Car les enfants de l'Epoux ne peuvent jeûner lorsque l'Époux est avec eux, mais lorsqu'il les a quittés, c'est alors qu'ils le peuvent faire. » (Inst., V, 24. P. L., 49, 242.)

Partager le repas des hôtes, c'est les mettre à l'aise et entretenir leur joie. Ingénieuses combinaisons : se priver en paraissant manger, ou compenser ensuite le régime exceptionnel par une rigueur plus grande.

Je trouvais là un des anciens qui me reçut, et qui m'exhortant à la fin du repas de manger encore un peu, lorsque je lui dis que je ne le pouvais plus faire, il me répondit : « Quoi, voilà la sixième fois que je me mets à table aujourd'hui pour recevoir divers frères qui me sont venus visiter : j'ai mangé avec eux, et je les ai exhortés à bien manger, et cependant j'ai encore faim. Et vous qui n'avez mangé de tout le jour, vous dites que vous ne pouvez plus rien prendre ? » (Inst., V, 25. P. L., 49, 244.)

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L'abbé Macaire pensant aux repas que par charité il prenait avec les frères, avait résolu de compter le nombre de verres de vin qu'il accepterait de prendre et de passer ensuite autant de jours sans boire même d'eau. Quand donc les frères lui offraient du vin il s'empressait de boire pour se mortifier ensuite par la soif. Son disciple l'ayant appris, divulgua la pratique du père et demanda qu'on ne lui offrit plus de vin, montrant que c'était une pénitence qu'on lui offrait. (Pélage, IV, 26. P. L., 73, 868.)

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