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Works Desert Fathers Les pères du désert
CHAPITRE VII. CHARITÉ

VI. — Le monde au désert.

Aussi remarquable que le nombre des moines est la multiplicité de leurs relations avec l'Égypte habitée et avec les autres parties du monde chrétien. Attirés par le récit des merveilles qui transforment le désert, beaucoup viennent y fixer leur vie. Accourent en plus grand nombre des pèlerins, qui resteront engagés dans les soucis du monde.

L'hospitalité n'est pas due seulement aux moines. Tous sont reçus avec égards et avec joie, on leur fait part des produits des jardins, on leur offre des provisions apportées des villes. On leur distribue aussi des avis salutaires. La durée du séjour n'est pas limitée, mais quand il se prolonge, les hôtes sont soumis à la règle du travail et on les initie à la vie spirituelle.

Les Pères ne pouvaient pas être indifférents aux nécessités de ceux qui étaient retenus dans le siècle.

Le coeur de Pacôme ne supporte pas que si près des monastères, des bergers et des paysans vivent dans l'idolâtrie ou l'ignorance des saints mystères. Il demande le secours du clergé, fait bâtir une église, usurpe même les fonctions de lecteur.

Plus extraordinaire est le zèle de Sérapion Sindonite qui se vend à des comédiens pour gagner leur âme et entreprend ensuite et sur terre et sur mer des voyages apostoliques.

L'ascendant des moines dont la plupart n'étaient pas dans les ordres n'empêchait pas l'humble et cordiale soumission aux évêques et au clergé. De savants historiens ont voulu établir qu'il y avait opposition entre la hiérarchie de l'Église et les solitaires guidés par le souffle de l'Esprit. Ces ingénieux systèmes ne s'appuient pas sur les vies des Pères. Quel démenti ils reçoivent des récits de la persécution arienne, des fuites d'Athanase auprès de ses amis du désert !

« Il est vraiment étonnant, est-il dit d'Antoine, que la faveur des princes se portât sur un homme caché à l'extrémité du monde connu. » Déjà l'influence des solitaires s'employait au soulagement et à la défense des sujets des empereurs. Antoine écrit à Constantin de considérer que Jésus-Christ est le seul roi véritable et éternel et que tous les princes doivent avoir beaucoup de clémence et d'humanité, un très grand soin de rendre justice et d'assister les pauvres.

Jean de Lycopolis reçoit des ambassadeurs de Théo-dose, leur prédit sa dernière victoire et sa mort:qui va suivre de près.

En Syrie, l'action auprès de la puissance civile est encore plus souvent signalée. Avant 'de se soumettre à la pénitence imposée par Ambroise, Théodose avait reçu les avertissements et les reproches de Macédonien. Le souvenir des discours de l'ancien consulaire n'empêche pas d'admirer la hardiesse et la logique de cet hermite ignorant, descendu de la haute montagne au secours des habitants d'Antioche.

Nous voyons aussi en Syrie plus souvent qu'en Egypte les foules attirées par la profusion des faveurs miraculeuses répandues par les solitaires.

La bienfaisante action du Stylite ne devrait-elle pas lui concilier les sympathies de ces juges qui promptement le condamnent sans appel, sur le simple énoncé des étranges tortures auxquelles il se soumettait.

N'est-elle pas émouvante la prière de Théodoret écrite lorsque le Stylite est encore en vie, au temps où les prodiges de conversions se multiplient : « comparant les actes du saint à une ruche de miel, je n'ai fait qu'en prendre une goutte au bout du doigt pour en faire goûter la douceur à ceux qui liront ceci qu'il me fasse la grâce de régler ma vie sur les préceptes de l'Évangile ! »

De pareils apôtres n'avaient pas à parcourir l'univers : Romains, Grecs, Égyptiens, Juifs, Bédouins venaient à eux.

Le zèle qu'ils apprécient est selon l'esprit d'Éphrem qui, là où avait échoué la controverse, convertissait par sa douceur. Le canon des vies du désert n'a retenu ni la sévérité de Schnoudi1 au monastère blanc, ni ses violences contre les bourgades païennes.

Un disciple de Macaire apostrophe:un prêtre idolâtre : « Où cours tu ainsi, démon ? » Macaire lui, s'incline devant l'idolâtre et le convertit.

La cordiale hospitalité d'un moine gagne le coeur d'un manichéen. Cet autre pratique à la lettre le conseil de tendre la joue pour recevoir un second soufflet. Voilà les procédés de l'apostolat des moines.


  1. Schnoudi, né vers 343, mort à 118 ans, gouverna au monastère blanc et au monastère rouge, près d'Atripé (aujourd'hui Sohag) 2.000 moines et 1.800 soeurs. Sa sévérité et l'intransigeance de son zèle sont en contraste avec l'esprit des monastères pacômiens très nombreux dans la même région. Est-ce pour cela que Pallade, qui a vécu non loin de Schnoudi, et nos autres auteurs grecs et latins ne donnent même pas son nom ? ↩

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