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CHAPITRE VIII. CONTEMPLATION
III. — L'art de prier.

Difficultés d'être maître de nos pensées.

Ces difficultés viennent de la légèreté de notre esprit. Nous quittons volontiers une considération pour une autre, nous changeons encore, le mouvement s'accélère de psaume en psaume, de l’Evangile à saint Paul..., noue parcourons toute l'Écriture Sainte. La vraie prière s'arrête longtemps à la même pensée.

Autre comparaison : il y a une légèreté en enviable, l'âme comme une plume qui a été mouillée et appesantie par la boue, ne peut être saisie par le souffle de l'esprit et reste collée aux objets terrestres.

Quelques solitaires demandant à l'abbé Agathon, laquelle de toutes les vertus était la plus difficile à pratiquer, il leur répondit : « Je crois que c'est celle de l'oraison, parce que lorsque nous voulons prier Dieu, il n'y a point d'effort que les démons ne fassent pour interrompre notre prière, à cause qu'ils savent que rien n'est si puissant pour les désarmer et les empêcher de nous nuire. C'est pourquoi en tous les autres travaux que nous entreprenons dans la vie religieuse, quelque continuels et pénibles qu'ils puissent être, nous ne laissons pas de jouir de quelque repos, mais il ne se passe pas un moment dans la prière, que nous n'ayons toujours beaucoup à combattre ». (Pélage, XII, 2. P. L., 73, 941.)

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Car notre âme se peut comparer à une plume très légère, qui en se conservant dans sa sécheresse sans être mouillée par aucune eau ou aucun accident extérieur, peut s'élever au ciel par sa légèreté naturelle, soutenue du moindre souffle de l'air. Mais s'il arrive qu'elle soit un peu mouillée, ou même qu'elle soit trempée dans l'eau, elle en deviendra aussitôt appesantie; et bien loin de suivre sa légèreté, le poids de cette humidité qui la pénètre, la fera aussitôt tomber en terre. Il en est de même de notre âme. Tant que le vice ne s'en approche pas, ou que le soin des choses de la terre ne l'appesantit point, et qu'elle n'est point souillée par l'eau sale des plaisirs bourbeux de ce monde, sa pureté et sa légèreté naturelle soutenue du souffle du Saint-Esprit, l'élèvera à la contemplation de Dieu, et lui fera quitter la terre pour ne vivre plus que dans le ciel et dans la méditation des choses invisibles.

C'est pourquoi nous devons extrêmement peser cet avis de Jésus-Christ. «Prenez-garde, que vos coeurs ne s'appesantissent point par la gourmandise, par l'excès du vin, par les soins de ce monde. » Si nous voulons donc que notre prière pénètre non seulement le ciel, mais ce qui est même au-dessus du ciel, faisons en sorte que notre âme étant purifiée de tous les vices de la terre et de toutes les ordures des passions, rentre dans la légèreté que Dieu lui a donnée. (Coll., IX, 4. P. L., 49, 774.)

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Car nous sentons tous les jours qu'aussitôt que nous commençons de penser à quelque verset d'un psaume, il s'échappe insensiblement, et nous admirons nous-mêmes que nous passions si vite d'un endroit de l'Écriture à un autre. Quand notre esprit commence encore à s'y appliquer, avant que nous l'ayons plu approfondir, notre mémoire est emportée par un autre passage qui se présente, et qui nous fait perdre la méditation de celui qui le précédait.

De celui-là l'esprit tombe encore dans un autre, et roulant ainsi de psaume en psaume, de l'Évangile à saint Paul, des apôtres aux prophètes, des livres de morale aux livres historiques, il ne fait qu'errer et que courir par toute l'étendue de l'Écriture. Il ne peut rien retenir ou rejeter à son choix. Il n'examine rien à fond. Il n'établit rien de certain sur tout ce qu'il lit; il entrevoit confusément et superficiellement quelque chose; et au lieu de pénétrer dans le sens intérieur,. de s'y appliquer et de s'en nourrir, il ne fait que l'effleurer au dehors, et il le quitte lorsqu'à peine il a commencé à le goûter. Ainsi étant toujours dans l'égarement, toujours dans l'instabilité, toujours dans l'agitation, il est, dans l'église, même au temps de la prière et du sacrifice, dans une distraction continuelle qui le rend comme ivre, et incapable de s'acquitter comme il faut de ses devoirs. Si par exemple nous prions, nous pensons à un psaume ou à quelque lecture que nous aurons faite.

Si nous chantons un psaume, il nous viendra dans l'esprit autre chose que ce qu'il contient. Si nous lisons, nous nous trouverons distrait par la pensée de ce que nous avons fait, ou de ce que nous devons faire. Ainsi notre esprit se conduisant d'une manière irrégulière, et faisant tout sans ordre et à contre-temps, il s'abandonne comme au hasard à tout ce qui se présente à lui, sans pouvoir ni retenir en soi ce qui lui plaît davantage, ni s'en occuper solidement. (Coll., X, 13. P. L., 49, 840.)

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