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CHAPITRE VIII. CONTEMPLATION
V. — Les sujets de méditation.

Les chrétiens s'approprient les sentiments exprimés dans le Pater.

Les lignes de l'Evangile qui s'offrent le plus naturellement à qui veut apprendre à prier, sont celles qui contiennent la prière modèle, le Pater. Dans le commentaire qu'en donne l'abbé Isaac, on peut constater à quelle hauteur se tenait la pensée des solitaires. C'est au sens le plus spirituel qu'ils s'attachent. Ce qui les touche, c'est les relations filiales que Dieu permet à ses créatures, c'est les intérêts du Père céleste. Ils se montreraient même trop exclusifs, en écartant la demande des biens nécessaires à la vie du corps.

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Mais il y a une autre prière beaucoup plus sublime et beaucoup plus élevée que toutes ces quatre sortes d'oraisons dont nous venons de parler. Elle se forme par la contemplation de Dieu seul, et par l'ardeur d'une charité si embrasée, que l'âme étant comme fondue et abîmée dans l'amour qu'elle a pour Dieu, et se jetant dans son sein pour s'y plonger et s'y perdre, elle lui parle avec une familiarité toute divine, et s'entretient librement avec lui comme avec son père. L'oraison que Jésus-Christ nous a prescrite, nous marque dès le premier mot, que nous devons tendre à cet état. « Notre Père », dit-il. Lors donc que nous -reconnaissons et que nous confessons par nos propres paroles, que le Dieu et le Seigneur de tout l'univers est notre père, nous déclarons assez par là que nous sommes passés de la condition des esclaves, à celle des enfants adoptifs de Dieu. Nous ajoutons ensuite, « qui êtes dans les cieux », afin que nous souvenant que la vie présente n'étant qu'un exil, et la terre où nous sommes, n'étant qu'une terre étrangère qui nous sépare de notre Père, nous l'ayons en aversion et en horreur; et que nous portions tous nos désirs à cette bienheureuse patrie où nous avouons que demeure notre Père, et sans rien commettre cependant, qui soit indigne de cette haute qualité et de cette adoption divine, ou qui nous privant de cet héritage paternel, comme des enfants qui ont dégénéré de leur père, nous expose à la rigueur et à la sévérité de ses jugements.

Quand nous serons élevés et établis dans ce degré si sublime d'enfants de Dieu, nous nous sentirons aussitôt enflammés de ce désir si pieux, dont brûlent tous ses véritables enfants; et n'étant plus occupés à nos propres intérêts, nous ne chercherons plus uniquement que la gloire et l'honneur de notre Père, en disant : « Que votre nom soit sanctifié ! » Nous témoignons par là que tous nos voeux et toute notre joie est de voir que notre père soit honoré, et nous nous rendons ainsi les imitateurs de celui qui a dit : « Celui qui parle de lui-même, cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l'a envoyé, est véritable et il n'y a point d'injustice en lui. » C'était de ce zèle si ardent que brûlait celui qui a été appelé de Dieu même un vase d'élection, lorsqu'il souhaitait d'être fait anathème, et d'être séparé de Jésus-Christ, pourvu qu'il lui pût gagner beaucoup d'âmes, et que tout Israël se sauvant, augmentât l'honneur et la gloire de son père. Il souhaite hardiment de mourir pour Jésus-Christ, puisqu'il savait qu'on ne peut perdre la vie en mourant pour la vie. C'est ce qui lui fait dire aussi ailleurs : « Nous nous réjouissons de ce que nous sommes infirmes et vous autres puissants. » (Coll., IX, 18. P. L., 49, 788.)

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Nous disons ensuite : « Donnez-nous aujourd'hui notre pain céleste », qu'un autre évangéliste appelle « notre pain de chaque jour ». Le premier assurément marque la dignité de sa substance et le distingue de toutes les créatures de la terre, au-dessus desquelles il est infiniment élevé par l'excellence de sa grandeur et sa sainteté. Et le second exprime ses propriétés et son usage particulier. Car en l'appelant le pain de chaque jour, il marque clairement que sans lui, nous ne pouvons recevoir ni entretenir un seul jour la vie de l'âme. Et par ce mot d'aujourd'hui, Jésus-Christ montre manifestement qu'on doit recevoir ce pain chaque jour et que ce qu'on nous en donna hier ne nous suffit point, si l'on ne continue de nous le donner aujourd'hui.

Il nous apprend donc par ce mot, que le besoin continuel où nous sommes de cette nourriture, nous doit avertir de faire en tout temps cette prière, puisqu'il n'y a point de jour auquel nous n'ayons besoin de fortifier notre coeur par ce pain céleste. Néanmoins, ce mot d'aujourd'hui se peut entendre de tout le temps de cette vie, comme si nous disions à Dieu : « Pendant que nous sommes en ce monde, donnez toujours ce pain. » Car nous savons que vous ne manquerez pas de le donner éternellement dans le ciel à ceux qui l'auront mérité, mais nous vous conjurons de nous le donner en cette vie, parce que si nous ne le recevons de vous en ce monde, vous ne nous le donnerez jamais en l'autre. » (Coll., IX, 21. P. L., 49, 794.)

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