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CHAPITRE IV. RIGUEURS CORPORELLES

Le Stylite.

Devant les prouesses bizarres du Stylite, qui peuvent paraître incroyables, Théodoret sent le besoin de présenter une apologie. Il énumère les actions extraordinaires demandées aux saints de l'ancienne loi. Il en appelle surtout aux fruits de cette prédication, à la popularité du saint jusque dans les contrées lointaines, chez les Gaulois, chez les Romains qui mettent son image sur les enseignes des boutiques.

Les bédouins eux-mêmes (les Ismaélites) sont gagnés à l'Evangile. Siméon a contribué à la formation de ces communautés de nomades dirigées par des évêques qui d'une tente faisaient leur cathédrale. Ces diocèses furent submergés par la vague islamique. A nos explorateurs de la Syrie confiée au mandat français, de nous dire s'ils trouvent chez quelque tribu des traces de christianisme, survivant après douze siècles.

Siméon étant revenu à son monastère, il y séjourna fort peu, et s'en alla dans un bourg nommé Télanisse qui est au bas de la montagne où il demeure maintenant. Là ayant rencontré une petite maisonnette, il y fut reclus trois ans. Désirant de passer quarante jours sans manger, ainsi qu'avaient fait autrefois Moïse et Elie, il pria ce grand serviteur de Dieu, Basse, qui faisait alors sa visite dans plusieurs bourgs dont les prêtres étaient soumis à sa conduite, de ne laisser quoi que ce fût dans sa cellule, et d'en murer la porte avec de la terre. Sur quoi ce bon homme lui ayant représenté que c'était une entreprise trop difficile, et qu'il ne devait pas se persuader qu'il y eût de la vertu à se donner la mort à soi-,même, puisque au contraire c'était le plus grand de tous les crimes, il lui répondit : « Mon père, laissez-moi donc, s'il vous plaît, dix pains et une cruche pleine d'eau pour m'en servir, si j'en ai besoin. » Cela ayant été fait, et la porte ayant été bouchée comme il l'avait désiré, lorsque les quarante jours furent passés, Basse la déboucha, et étant entré, il trouva tous les pains et toute l'eau qu'il y avait mis, et le saint couché par terre sans parole et sans mouvement, comme s'il eût été privé de vie. Ayant demandé une éponge et l'ayant trempée dans de l'eau, il lui en arrosa et lava la bouche, et puis lui donna le corps et le sang de Jésus-Christ, ce qui l'ayant fortifié, il se leva et prit un peu de nourriture en suçant des laitues, de la chicorée et quelques autres légumes.

Depuis vingt-huit ans qu'il y a que ce que je viens de dire arriva, il a passé tous les carêmes sans manger; a quoi il a à présent moins de peine, parce qu'il. y est plus accoutumé. Car du commencement, il passait tous les jours tout debout à louer Dieu, les jours suivants, son corps affaibli par le jeûne n'ayant plus la force de se tenir en cet état, il demeurait assis, et lisait ainsi son office, et les derniers jours, ses forces étant entièrement abattues et se trouvant comme à demi-mort, il était contraint de se coucher par terre. Lorsqu'il commença à demeurer debout sur une colonne on ne put le faire résoudre à descendre durant le carême; et il s'avisa pour n'en bouger, de se faire attacher durant tout ce temps à une poutre qu'on lia à la colonne. Depuis, Dieu, ayant répandu du ciel dans son âme une grâce encore plus abondante, il n'a pas même eu besoin de ce secours ; mais étant fortifié par la puissance de sa grâce, il passe tous ces quarante jours avec une gaîté incomparable sans manger quoi que ce puisse être.

Le saint ayant donc, comme j'ai dit, demeuré trois ans dans cette cellule, il s'en alla sur le sommet de cette célèbre montagne, lequel il fit environner d'une muraille bâtie seulement à pierres sèches, et ayant fait une chaîne de fer de vingt coudées de longueur, il s'en fit attacher un bout au pied droit, et l'autre à une grosse pierre, afin de ne pouvoir, même quand il voudrait, sortir hors de ses limites. Et là, sans que la chaîne dont il était ainsi attaché pût empêcher son esprit de s'envoler dans le ciel, il s'occupait sans cesse à contempler des yeux de la foi et de la pensée des choses qui sont au-dessus du ciel. Sur quoi Mélèce, ce grand personnage qui était alors patriarche d'Antioche et que sa prudence et son esprit rendaient si célèbre, lui ayant représenté que la volonté conduite par la raison étant assez forte par elle-même pour tenir le corps dans ses liens, cette chaîne était inutile, il obéit sans contester, et envoya quérir un serrurier pour la rompre.

Or, d'autant que la foule de ceux qui venaient vers lui était innombrable, et que chacun s'efforçait de le toucher dans la créance que ces peaux dont il était revêtu portaient quelque bénédiction, ces grands honneurs qu'on lui rendait lui semblant non seulement excessifs, mais extravagants, et ne pouvant davantage souffrir une chose qui lui était importune, il s'avisa de demeurer sur une colonne, et en fit faire d'abord une de six coudées de haut, puis de douze, puis de vingt-deux; et celle sur laquelle il est à présent est de trente-six coudées, le désir qu'il a de s'envoler dans le ciel faisant qu'il s'éloigne toujours de plus en plus de la terre. Quant à moi, je juge qu'une chose si extraordinaire n'est point arrivée sans une conduite particulière de Dieu; et je prie ceux qui prennent plaisir de trouver à redire à tout, de donner un frein à leur langue, et de considérer que Dieu fait souvent des choses semblables pour réveiller et pour exciter ceux qui s'endorment dans la négligence et dans la paresse. Ainsi il commanda à Isaïe d'aller non seulement nu-pieds mais tout nu; à Jérémie de ceindre ses reins pour annoncer ainsi ses prophéties aux incrédules, et quelquefois même de mettre à son col des chaînes de bois et de fer. Ainsi Dieu a été l'auteur d'une action si admirable et si extraordinaire, afin que chacun étant poussé du désir de voir un miracle si nouveau, vînt pour en être spectateur, et fût porté par là à ajouter foi aux avis que le saint leur donnerait pour leur salut. Car des prodiges si inouïs sont comme une préparation qui nous engage à recevoir les instructions que l'on nous donne. Et, comme les rois changent de temps en temps les figures de leurs monnaies, tantôt en y faisant mettre l'image d'un lion, tantôt celle d'une étoile, et tantôt celle d'un ange, pour ajouter encore quelque chose au prix de l'or par ce changement, ainsi le roi de tout l'univers ajoutant à la piété ordinaire de ses saints des manières de vie si nouvelles, ils excitent non seulement les fidèles, mais les incrédules même à célébrer ses louanges, dont il ne faut point d'autre preuve que ce qui est arrivé en cette rencontre, puisque le séjour de ce saint sur cette colonne a porté la lumière dans l'âme d'un si grand nombre d'Ismaélites qui étaient auparavant ensevelis dans les ténèbres du paganisme. Car cette lampe si éclatante étant exposée de la sorte comme sur un chandelier fort élevé, et jetant ainsi qu'un soleil des rayons de toutes parts, on voit, comme j'ai dit, des Ibères, des Arméniens et des Perses recevoir le saint baptême. Et quant aux Ismaélites qui y viennent par de grandes troupes de deux cents, de trois cents et de. mille quelquefois, ils abjurent en criant à haute voix l'idolâtrie de leur pays. (Théod., 26. P. L., 74, 102.)

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