Traduction
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De la grandeur de l'âme
80.
En vertu donc de cette loi sacrée et inaltérable par laquelle il gouverne tout ce qu'il a formé, le Dieu souverain et véritable a soumis le corps à l'âme, l'âme à lui-même et par là tout à lui. Jamais non plus il ne l'abandonne dans aucun de ses actes, soit pour la punir,
soit pour la récompenser; car il a jugé qu'il serait très-beau que tout ce qui est fût comme il est, que la variété fît l'ordre dans la nature, qu'il n'y eût rien de choquant pour qui considérerait l'ensemble, que les châtiments et les récompenses, à cause de la justice qui les décerne, ajoutassent à la beauté générale et à l'ordre universel.
Car l'âme a reçu de lui le libre arbitre,, et ceux dont les raisonnements frivoles travaillent à le nier, sont aveuglés au point de ne pas comprendre que rien ne les force à publier tant d'inepties et de blasphèmes. Le libre arbitre, toutefois, ne permet point à l'âme de troubler aucunement par des entreprises coupables l'ordre divin et la loi générale; car il vient du sage et invincible Seigneur de toute créature.
Mais peu d'hommes sont capables de comprendre ces vérités comme elles doivent être comprises, et la vraie religion seule peut en rendre capable. Elle consiste effectivement en ce que l'âme, après s'être séparée de Dieu par le péché, se rattache à lui par la réconciliation. C'est donc au troisième acte qu'elle s'empare de l'âme et commence à la conduire; au quatrième elle la purifie, la réforme au cinquième, l'introduit au sixième et la nourrit au septième. Elle produit ces effets plus ou moins rapidement selon l'amour et les mérites de chaque âme; mais quelles que soient les dispositions de ces âmes, Dieu en agissant sur elles fait tout avec une justice parfaite, une parfaite sagesse et une beauté parfaite.
A quoi sert la consécration des tout petits enfants ? Cette question est fort obscure; on doit croire cependant que ces consécrations ne sont point sans avantage. La raison les découvrira lorsqu'elle devra s'en occuper, ainsi que de tant d'autres sujets; car depuis longtemps, je l'avoue, je te propose plutôt des questions que je ne t'en donne l'intelligence. Il te sera très-utile de les examiner, pourvu que tu prennes la piété pour guide.
Edition
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De quantitate animae (PL)
80.
Deus igitur summus et verus lege inviolabili et incorrupta, qua omne quod condidit regit, subjicit animae corpus, animam sibi, et sic omnia sibi: neque in ullo actu eam deserit, sive poena, sive praemio. Id enim judicavit esse pulcherrimum, ut esset quidquid est, quomodo est; et ita naturae gradibus ordinaretur, ut considerantes universitatem nulla offenderet ex ulla parte deformitas; omnisque animae poena et omne praemium conferret semper aliquid proportione justae pulchritudini dispositionique rerum omnium. Datum est enim animae liberum arbitrium, quod qui nugatoriis ratiocinationibus labefactare conantur, usque adeo caeci sunt, ut ne ista ipsa quidem vana atque sacrilega propria voluntate se dicere intelligant. Nec tamen ita liberum arbitrium animae datum est, ut quodlibet eo moliens, ullam partem divini [Col. 1080] ordinis legisque perturbet. Datum est enim a sapientissimo atque invictissimo totius creaturae Domino. Sed ista ut videnda sunt videre, paucorum est; neque ad hoc quisquam nisi vera religione fit idoneus. Est enim religio vera, qua se uni Deo anima, unde se peccato velut abruperat, reconciliatione religat. Innectit ergo animam in illo actu tertio, atque incipit ducere; purgat in quarto; reformat in quinto; introducit in sexto; pascit in septimo. Atque hoc fit alias citius, alias tardius, ut quaeque amore ac meritis valent: omnia tamen Deus justissime, moderatissime, pulcherrime facit, quoquo modo sese habere voluerint de quibus facit. Jamvero etiam puerorum infantium consecrationes quantum prosint, obscurissima quaestio est, nonnihil tamen prodesse credendum est. Inveniet hoc ratio, cum quaeri oportuerit: quanquam et alia multa jamdiu quaerenda tibi potius aliquando, quam cognoscenda protulerim. Quod fiet utilissime, si duce pietate requirantur.