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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Avantages de la viduité

21.

Ce qui me détermine à vous donner ces conseils, c'est la doctrine détestable de certains hérétiques dont les paroles, à force de frapper les, oreilles, finissent par ébranler les consciences. Je sens couler mes larmes quand je les vois se poser en ennemis de la grâce de Dieu, et déclarer que pour rte pas tomber en tentation nous n'avons nul besoin de recourir à Dieu par la prière. Sous prétexte de sauvegarder le libre arbitre de l'homme, ils affirment que par nos propres forces, et sans aucun besoin d'être aidés de la grâce divine, nous pouvons accomplir ce que Dieu nous commande. C'est donc en vain que le Seigneur a dit, « Veillez et priez, de crainte que vous n'entriez en tentation1 » ; c'est en vain que chaque jour dans l'oraison dominicale nous répétons : « Ne nous laissez pas succomber à la tentation2 ». Si par nous-mêmes nous avons le pouvoir de surmonter la tentation, pourquoi demander de ne pas y succomber? Laissons plutôt notre libre arbitre déployer tout son pouvoir, et rions-nous de ces paroles de l'Apôtre : « Dieu est fidèle, il ne permettra pas que vous soyez tentés au-dessus de vos forces3 ». Eh ! pourquoi demander à Dieu ce qui est en mon propre pouvoir ? De telles pensées ne sont pas celles d'un sage. Par conséquent, demandons à Dieu de nous donner ce qu'il nous ordonne d'avoir. S'il nous ordonne d'avoir ce que nous n'avons pas, c'est pour nous faire connaître ce que nous avons à demander. Et quand nous sentons en nous le pouvoir de faire ce gui nous est commandé, sachons reconnaître de qui nous vient ce pouvoir; autrement, enflés par l'esprit de ce monde, nous sérions dans l'ignorance des dons que nous avons reçu de Dieu.

Comment donc soutenir que nous détruisons le libre arbitre de l'homme, quand, loin de méconnaître orgueilleusement la grâce de Dieu, nous proclamons avec une piété reconnaissante qu'elle est un secours tout-puissant pour notre libre arbitre ? Notre oeuvre, c'est de vouloir ; mais cette volonté même a besoin d'être exécutée pour se lever, d'ire guérie pour être forte, d'être dilatée pour recevoir, d'être remplie pour posséder. Si nous ne le voulions pas, nous n'accepterions point ce qui nous est donné, et nous ne le posséderions pas. Prenons pour exemple la continence dont je vous entretiens en ce moment ; comment l'avoir si on ne la veut pas ? pour l'accepter il faut d'abord la vouloir. Mais pour que la volonté puisse l'accepter et la posséder, de qui la recevra-t-elle ? Ecoutez la Sainte Ecriture : « Je savais que personne ne peut-être continent à moins que Dieu ne lui en accorde la grâce, et c'est une preuve de sagesse de savoir de qui vient ce don4 ». La sagesse et la continence sont deux grands bienfaits, la sagesse qui nous forme à la connaissance de Dieu et la continence qui nous empêche de nous conformer à ce siècle. Or, Dieu nous ordonne d'être sages et continents ; sans ces biens nous ne pouvons être ni justes ni parfaits. Prions donc pour obtenir de son secours et de ses inspirations ce qu'il nous commande, lui qui par son commandement et ses conseils nous apprend ce que nous devons vouloir. Ce qu'il nous a donné, prions-le de nous le conserver ; ce qu'il ne nous à pas encore donné, prions-le d'y suppléer; oui, prions et rendons grâces ; si nous nous montrons reconnaissants des biens que nous avons reçus, soyons assurés de recevoir les autres dont nous avons besoin. Celui qui a donné aux époux fidèles la force de s'abstenir de l'adultère et de la fornication, a aussi accordé aux vierges et aux veuves pieuses la grâce de pratiquer l'intégrité et la continence proprement dite. Dira-t-on que c'est de Dieu que nous recevons la continence, tandis que la sagesse vient de nous? Que signifient alors ces paroles de l’Apôtres saint Jacques: «Si quelqu'un d'entrevous désire la sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui donne à tous abondamment et sans reproche, et elle lui sera accordée5 ? » Mais, autant que Dieu m'en a fait la grâce, j'ai déjà traité cette question dans d'autres de mes ouvrages, et avec son secours je la traiterai encore toutes les fois que j'en verrai l'opportunité.


  1. Matt. XXVI, 41.  ↩

  2. Id. VI, 13.  ↩

  3. I Cor. X, 13. ↩

  4. Sag. VIII, 21.  ↩

  5. Jac. I, 5. ↩

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