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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430)

Edition Masquer
De civitate Dei (CCSL)

Caput XIX: Contra eos, qui dicunt ea, quae infinita sunt, nec dei posse scientia conprehendi.

Illud autem aliud quod dicunt, nec dei scientia quae infinita sunt posse conprehendi: restat eis, ut dicere audeant atque huic se uoragini profundae inpietatis inmergant, quod non omnes numeros deus nouerit. eos quippe infinitos esse certissimum est; quoniam in quocumque numero finem faciendum putaueris, idem ipse, non dico uno addito augeri, sed quamlibet sit magnus et quamlibet ingentem multitudinem continens, in ipsa ratione atque scientia numerorum non solum duplicari, uerum etiam multiplicari potest. ita uero suis quisque numerus proprietatibus terminatur, ut nullus eorum par esse cuicumque alteri possit. ergo et dispares inter se atque diuersi sunt, et singuli quique finiti sunt, et omnes infiniti sunt. ita ne numeros propter infinitatem nescit omnes deus, et usque ad quandam summam numerorum scientia dei peruenit, ceteros ignorat? quis hoc etiam dementissimus dixerit? nec audebunt isti contemnere numeros et eos dicere ad dei scientiam non pertinere, apud quos Plato deum magna auctoritate commendat mundum numeris fabricantem. et apud nos deo dictum legitur: omnia in mensura et numero et pondere disposuisti; de quo et propheta dicit: qui profert numerose saeculum, et saluator in euangelio: capilli, inquit, uestri omnes numerati sunt. absit itaque ut dubitemus, quod ei notus sit omnis numerus, cuius intellegentiae, sicut in psalmo canitur, non est numerus. infinitas itaque numeri, quamuis infinitorum numerorum nullus sit numerus, non est tamen inconprehensibilis ei, cuius intellegentiae non est numerus. quapropter si, quidquid scientia conprehenditur, scientis conprehensione finitur: profecto et omnis infinitas quodam ineffabili modo deo finita est, quia scientiae ipsius inconprehensibilis non est. quare si infinitas numerorum scientiae dei, qua conprehenditur, esse non potest infinita, qui tandem nos sumus homunculi, qui eius scientiae limites figere praesumamus, dicentes quod, nisi eisdem circuitibus temporum eadem temporalia repetantur, non potest deus cuncta quae facit uel praescire ut faciat, uel scire cum fecerit? cuius sapientia simpliciter multiplex et uniformiter multiformis tam inconprehensibili conprehensione omnia inconprehensibilia conprehendit, ut, quaecumque noua et dissimilia consequentia praecedentibus si semper facere uellet, inordinata et inprouisa habere non posset, nec ea prouideret ex proximo tempore, sed aeterna praescientia contineret.

Traduction Masquer
La cité de dieu

CHAPITRE XIX.

CONTRE CEUX QUI DISENT QUE DIEU MÊME NE SAURAIT COMPRENDRE DES CHOSES INFINIES1.

Quant à ce qu’ils disent, que Dieu même ne saurait comprendre des choses infinies, il ne leur reste plus qu’à soutenir, pour mettre le comble à leur impiété, qu’il ne connaît pas tous les nombres; car très-certainement les nombres sont infinis, puisque à quelque nombre qu’on s’arrête, il est toujours possible d’y ajouter une unité, outre que tout nombre, si grand qu’il soit, si prodigieuse que soit la multitude dont il est l’expression rationnelle et scientifique, on peut toujours le doubler et même le multiplier à volonté. De plus, chaque nombre a ses propriétés, de sorte qu’il n’y a pas deux nombres identiques. Ils sont donc dissemblables entre eux et divers, finis en particulier, et infinis en général. Est-ce donc cette infinité qui échappe à la connaissance de Dieu, et faut-il dire qu’il connaît une certaine quantité de nombres et qu’il ignore le reste? personne n’oserait soutenir une telle absurdité. Affecteront-ils de mépriser les nombres et oseront-ils les retrancher de la science de Dieu, alors que Platon, qui a tant d’autorité parmi eux, introduit Dieu créant le monde par les nombres2; et ne lisons-nous pas dans l’Ecriture : « Vous avez fait toutes choses avec « poids, nombre et mesure3? » Ecoutez aussi le prophète: « Il forme les siècles par nombre4». — Et l’Evangile : « Tous les cheveux de votre tête sont comptés5 ». Après tant de témoignages, comment pourrions-nous douter que tout nombre ne soit connu à celui «dont l’intelligence, comme dit le psaume, surpasse « toute mesure et tout nombre6 ?» Ainsi, bien que les nombres soient infinis et sans nombre, l’infinité du nombre ne saurait être incompréhensible à celui dont l’intelligence est au-dessus du nombre. Et, par conséquent, s’il faut que tout ce qui est compris soit fini dans l’intelligence qui le comprend, nous devons croire que l’infinité même est finie en Dieu d’une certaine manière ineffable, puisqu’elle ne lui est pas incompréhensible. Dès lors, puisque l’infinité des nombres n’est pas infinie dans l’intelligence de Dieu, que sommes-nous, pauvres humains, pour assigner des limites à sa connaissance, et dire que, si les mêmes révolutions ne ramenaient périodiquement les mêmes êtres, Dieu ne pourrait avoir ni la prescience de ce qu’il doit faire, ni la science de ce qu’il a fait! lui dont la science, simple dans sa multiplicité, uniforme dans sa variété, comprend tous les incompréhensibles d’une compréhension si incompréhensible que, voulût-il produire des choses nouvelles et différentes, il ne pourrait ni les produire sans ordre et sans prévoyance, ni les prévoir au jour la journée, parce qu’il les renferme toutes nécessairement dans sa prescience éternelle.


  1. Par infini, entendez toujours indéterminé. Ici choses infinies veut dire une succession indéfinie de choses. ↩

  2. Allusion à ce passage du Timée : . Quand Dieu entreprit d’organiser le monde, le feu, la terre et l’air avaient déjà, il est vrai, quelques-uns des caractères qui les distinguent, mais ils étaient dans l’état où doit être un objet duquel Dieu est absent. Les trouvant donc dans cet état naturel, la première chose qu’il fit, ce fut de les distinguer par les idées et les nombres (Tim., 538; page 1 du tome XII de la traduction de M. Cousin) ». ↩

  3. Sag. XI, 21.  ↩

  4. Isaïe, XL, 26, sec. LXX.  ↩

  5. Matt. X, 30.  ↩

  6. Ps. CXLVI, 5. ↩

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