CHAPITRE IV. LE CHRIST A SUBI LA PEINE DU PÉCHÉ SANS LE PÉCHÉ.
Comment donc Fauste s'étonne-t-il que le péché ait été maudit, que la mort ait été maudite, ainsi que la mortalité de la chair qui se trouvait dans le Christ, non par suite de son péché, mais à cause du péché de l'homme? En effet, il avait pris son corps d'Adam, puisque la Vierge Marie, mère du Christ, descendait d'Adam. Or, Dieu avait dit dans le paradis : « Au jour où vous en toucherez, vous mourrez de mort[^1] ». Voilà la malédiction qui a été suspendue au bois. Que celui qui nie que le Christ soit mort, nie qu'il ait été maudit. Mais que celui qui confesse que le Christ est mort, qui ne peut nier que la mort soit le fruit du péché et que pour cela on l'appelle péché, que celui-là écoute l'Apôtre dire : « Parce que notre vieil homme a été crucifié avec lui[^2] », et qu'il comprenne à qui s'adresse la malédiction de Moïse. Aussi le même apôtre dit-il du Christ en toute confiance : « Il est devenu malédiction pour nous[^3] », de même, qu'il n'a -pas craint de dire : «Il est mort pour tous[^4] ».Car mort a ici le même sens que maudit; parce que la mort elle-même est le fruit de la malédiction, et que tout péché est maudit ou en lui-même, parce qu'il mérite aine punition, ou dans la punition même qu'on appelle aussi péché, parce qu'elle est aussi la suite du péché. Or, le Christ a accepté notre punition sans la faute, afin de payer lui-même la dette de notre faute, et de mettre par là un terme à notre punition.
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Gen. II,17.
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Rom. VI, 6.
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Gal. III,13.
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II Cor. V, 15.