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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra Faustum Manichaeum Contre Fauste, le manichéen
LIVRE VINGT-DEUXIÈME. LE DIEU DE L’ÉCRITURE.

CHAPITRE XX. COMMENT DIEU N'ÉPARGNE NI LE JUSTE NI LE PÉCHEUR.

Quant au dernier reproche que Fauste fait insidieusement aux livres de l'Ancien Testament de nous représenter Dieu menaçant de venir, le glaive à la main, et de n'épargner ni juste ni pécheur, quand nous aurions expliqué au païen dans quel sens il faut l'entendre, peut-être ne rejetterait-il l'autorité ni du Nouveau ni de l'Ancien Testament, et goûterait-il cette comparaison évangélique qui reste cachée pour certains prétendus chrétiens parce qu'ils sont aveugles, ou leur déplaît parce qu'ils sont pervertis.

En effet, le souverain maître de la vigne[^6] ne porte pas la serpe de la même manière sur les sarments qui donnent du fruit et sur ceux qui n'en donnent pas; cependant il n'épargne ni les bons ni les mauvais, mais c'est pour émonder les uns et retrancher les autres. Car, il n'y a pas d'homme si juste qui n'ait besoin de l'épreuve de la tribulation ou pour perfectionner, ou pour consolider ou pour éprouver sa vertu; à moins que par hasard on ne veuille pas compter parmi les justes, Paul l'apôtre, qui, malgré l'humble et sincère aveu de ses péchés passés, se déclare cependant, avec actions de grâces, justifié par la foi en Jésus-Christ[^7]. A-t-il été épargné par celui dont nos orgueilleux adversaires ne comprennent pas la pensée quand il dit : Je n'épargnerai ni le juste ni le pécheur? qu'ils écoutent donc Paul : « Et de peur que la grandeur des révélations ne m'élève, il m'a été donné un aiguillon dans ma chair, un ange de Satan pour me donner des soufflets; c'est pourquoi j'ai prié trois fois le Seigneur qu'il le retirât de moi, et il m'a dit : Ma grâce te suffit; car la puissance se fait mieux sentir dans la faiblesse[^8] ». Il n'épargnait donc pas le juste, afin de perfectionner sa vertu dans la faiblesse, celui qui lui avait donné un ange de Satan pour le souffleter; à moins que vous ne prétendiez que c'était le diable qui avait donné cet ange. Alors c'était le diable qui agissait pour que la grandeur des révélations n'élevât pas l'Apôtre et que sa vertu fût perfectionnée ! Qui oserait le dire? Il était donc livré à un ange de Satan pour être souffleté, par celui qui se servait de lui pour livrer les méchants à Satan, comme Paul l'affirme lui-même : « Que j'ai livrés à Satan, pour qu'ils apprennent à ne plus blasphémer[^9] ». Comprenez-vous maintenant comment Dieu n'épargne ni juste ni pécheur? Est-ce le mot de glaive qui vous fait horreur? Autre chose est, en effet, de recevoir des soufflets, autre chose d'être mis à mort. Comme si des milliers de martyrs n'avaient pas subi divers genres de mort, ou comme si leurs persécuteurs avaient pu les faire mourir sans la permission de Celui qui a dit: Je n'épargnerai ni juste ni pécheur; alors que le Seigneur même des martyrs, « ce Fils propre n que le Père n'a point épargné[^1] », a dit ouvertement à Pilate : « Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir, s'il ne t'avait été donné d'en haut[^2] ». Ces vexations et ces persécutions des justes, ce même Paul les appelle un exemple du jugement de Dieu[^3]. Cette pensée est développée davantage par l'apôtre Pierre quand il dit ce que j'ai rappelé plus haut: « Que voici le temps où doit commencer le jugement par la maison de Dieu ». Or, continue-t-il, « s'il commence par nous, quelle sera la fin de ceux qui ne croient pas à l'Evangile de Dieu ? Et si le juste est à peine sauvé, l'impie et le pécheur, où se présenteront-ils[^4] ? » Voilà qui fait comprendre comment on n'épargne pas les impies qui sont retranchés comme des sarments pour être jetés au feu, ni les justes qui sont émondés pour devenir parfaits. Car Pierre lui-même atteste que tout cela se fait par la volonté de Celui qui a dit dans les anciens livres: Je n'épargnerai ni le juste ni le pécheur. Il dit en effet: « Il vaut mieux souffrir, si l'Esprit de Dieu le veut ainsi, en faisant le bien qu'en faisant le mal[^5] ». Si donc, par la volonté de l'Esprit de Dieu, on souffre en faisant le bien, c'est que les justes rie sont pas épargnés; si l'on souffre en faisant le mal, c'est que les pécheurs ne le sont pas davantage : mais l'un et l'autre arrive par la volonté de Celui qui a dit : Je n'épargnerai ni le juste ni le pécheur, corrigeant l'un comme un fils, punissant l'autre comme un impie.

  1. Jean, XV, 1.

  2. I Tim. I, 13.

  3. II Cor. XII, 7,9.

  4. I Tim. I,20.

  5. Rom. VIII, 32.

  6. Jean, XIX, 11.

  7. II Thess. I, 5.

  8. I Pier. V, 17, 18.

  9. Id. III,17.

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