CHAPITRE LXIII. LA BÉNÉDICTION DE JUDA.
Mais, disent-ils, ce Juda qui a commis un inceste avec sa belle-fille, est compté parmi les douze patriarches[^1]. Eh ! Juda, qui a trahi le Seigneur, n'a-t-il pas été compté parmi les douze Apôtres, et, quoique démon, envoyé avec eux et comme l'un d'eux, pour prêcher l'Evangile[^2] ? A cela les Manichéens répondent : Après un si grand crime, celui-ci s'est pendu et s'est retranché par là même du nombre des Apôtres[^3]; tandis que l'autre, malgré son acte honteux, a été béni et loué parmi ses frères et plus que tous ses frères, par ce même père à qui Dieu rend un si glorieux témoignage[^4]. Oui, et c'est ce qui fait voir plus clairement que ce n'est point à lui que se rapporte la prophétie, mais au Christ qui était annoncé comme devant naître de sa tribu selon la chair; et c'est pour cela encore que la divine Ecriture n'a point dû taire et n'a point tu son crime, afin qu'on cherchât quelque autre à qui appliquer ces éloges du père, qui évidemment ne lui convenaient plus après son action déshonorante.
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Gen. XXXV, 22-26.
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Matt. X, 2, 5; Jean, VI, 71, 72.
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Matt. XXVII, 5.
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Gen. XLIX, 8-12.