CHAPITRE VII. NOUS CROYONS DU CHRIST TOUT CE QU'EN DIT L'ÉVANGILE.
Mais cette question que Fauste se pose à lui-même : « Si Jésus n'est pas né, comment est-il mort? » qui donc vous la fera, sinon celui qui oublie qu'Adam lui-même n'est pas né et qu'il est cependant mort? Si donc le Fils de Dieu eût jugé à propos de se former de terre une véritable chair d'homme, comme il l'a formée pour notre premier père, puisque tout a été fait par lui[^2]; qui oserait soutenir qu'il ne l'aurait pas pu? Et encore, s'il eût voulu prendre quelque matière, ou céleste, ou aérienne, ou humide, et la transformer très-réellement en chair humaine; qui oserait lui en contester le pouvoir, à lui Fils tout-puissant du Tout-Puissant ? Enfin si, laissant de côté tous les éléments matériels créés par lui, il eût voulu se tirer à lui-même du néant une véritable chair, comme il a créé tout ce qui n'était pas ; qui de nous oserait contredire, et affirmer qu'il ne l'aurait pas pu? Si donc nous croyons qu'il est né de la vierge Marie, ce n'est pas parce que nous regardons comme impossible qu'il prît une vraie chair d'une autre manière, pour apparaître aux yeux des hommes; mais parce que cela est écrit dans cette Ecriture à laquelle il faut croire sous peine de n'être ni chrétien ni sauvé. Nous croyons donc que le Christ est né de la vierge Marie, parce que cela est écrit dans l'Evangile; nous croyons qu'il a été crucifié et qu'il est mort, parce que cela est écrit dans l'Evangile; qu'il est vraiment né et vraiment mort, parce que l’Evangile est la vérité. Mais pourquoi a-t-il voulu souffrir tout cela dans une chair prise du sein d'une femme, c'est là son secret, à lui : soit qu'il ait voulu par là relever et honorer les deux sexes qu'il avait créés, en prenant la forme d'un homme et en naissant d'une femme; soit qu'il ait eu une autre raison, et laquelle? je n'aurai point la témérité de le dire. Mais j'affirme, en toute sécurité, que tout s'est passé comme l'enseigne la vérité évangélique, et que cela n'a point dû se faire autrement que, la sagesse de Dieu l'avait décidé. Nous mettons la foi à l'Evangile au-dessus de tous les raisonnements des hérétiques, et nous reconnaissons que le plan de la sagesse divine l'emporte sur tous les plans d'une créature quelconque.
- Jean, I, 3.