CHAPITRE V. A QUOI SE RÉDUIT L'ARGUMENTATION DE FAUSTE, IL N'Y A AUCUNE RAISON DE REJETER LES ÉCRITURES.
Mais je donne, dit notre adversaire, une raison qui prouve qu'il ne faut point croire à ces Ecritures. Et tu n'argumentes pas? Néanmoins tu es battu, même dans ton argumentation. Car elle se réduit toute à dire qu'en dernier résumé l'âme doit croire qu'elle est misérable en ce monde, parce que sa misère vient en aide à son Dieu, et l'empêche de perdre son royaume; que la substance de ce Dieu est tellement sujette au changement, à la corruption, au dommage et à la souillure, qu'une, partie d'elle-même né saurait être purifiée,et que, bien que ce Dieu la sache sortie innocente de ses propres entrailles, exempte de tout péché, il la mêle à une fange horrible et la punit du supplice éternel du globe. Voilà Où aboutissent tous vos arguments et toutes vos fables. Et plût à Dieu que leur dernier terme fût là, et non dans votre coeur et sur vos lèvres, et que vous cessassiez enfin de penser et de proférer de si exécrables blasphèmes ! Mais, dit Fauste, c'est par ces Écritures mêmes que je prouve qu'il ne faut point les croire, parce qu'elles se contredisent elles-mêmes. Pourquoi ne pas plutôt dire qu'il ne faut y croire nulle part, pas plus qu'à des témoins qui varient et se combattent eux-mêmes? Mais, reprend-il, j'y choisis ce que j'y vois de conforme à la vérité. A quelle vérité? Dis donc à ton chimérique système, dont le commencement est la guerre contre Dieu; le milieu, la souillure de Dieu; la fin, la condamnation de Dieu. — Nulle part, dis-tu, on ne croit à des écrits qui se contredisent eux-mêmes. — Voilà ce que tu te figures, parce que tu ne comprends pas ; on te l'a démontré pour tout ce que tu as dit jusqu'ici; on te le démontrera pour tout ce que tu pourras dire encore. Nous n'avons donc aucune raison de ne pas croire à ces Ecritures, revêtues d'une si grande autorité; et c'est évidemment la principale raison pour laquelle nous anathématisons ceux qui nous prêchent autre chose.