• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Pères du désert Les pères du désert
CHAPITRE VII. CHARITÉ
III. — Fioretti.

Bienfait dissimulé.

Lorsque le bienheureux solitaire Siméon fut venu ici d'Italie, comme il n'entendait pas un mot de grec, un des anciens voulut le traiter charitablement comme un étranger, et couvrir néanmoins la charité qu'il lui ferait d'un prétexte de récompense.

Il lui demanda pourquoi il demeurait ainsi toute la journée sans rien faire, et comment il ne s'appliquait point à quelque travail, ce qui lui faisait conjecturer que l'égarement de l'esprit où l'on tombe dans l'oisiveté, joint au besoin des choses nécessaires à la vie, le ferait bientôt renoncer à la solitude, qu'on ne peut porter que lorsqu'on s'assujettit à gagner de ses propres mains de quoi vivre. Le solitaire Siméon lui répondit qu'il ne savait et ne pouvait rien faire de tout ce que les autres faisaient, et qu'il ne savait point d'autre métier que celui de copier les livres, ce qu'il était prêt à faire, s'il se trouvait quelqu'un dans toute l'Égypte qui eût besoin d'un livre écrit en latin. Ce saint vieillard ayant enfin trouvé l'occasion de pratiquer sa charité et son aumône sous couleur d'une récompense, dit aussitôt : « Voici, mon frère, un coup de Dieu, je cherchais il y a fort long-temps quelqu'un qui m'écrivît les épîtres de saint Paul en latin. Car j'ai un frère engagé à la guerre qui sait parfaitement cette langue, qui me presse il y a longtemps de lui envoyer quelqu'écrit de dévotion et à qui je souhaite de faire tenir quelque partie du Nouveau Testament. » Siméon prit cette occasion avec joie, comme si Dieu la lui eût fait naître. Mais ce vieillard fut encore plus aise de cette couleur sous laquelle il pouvait librement exercer une action de charité.

Il lui fit venir aussitôt, non seulement tout ce dont il avait besoin pour lui-même sous prétexte de la récompense qu'il s'engageait de lui donner pour le travail de toute une année, mais encore du parchemin et tout ce qui était nécessaire pour écrire. Quand le livre fut achevé, il le prit sans qu'il s'en pût servir à rien, et qu'il en pût tirer aucun usage, parce que personne en ce pays ne savait le latin. Toute sa récompense fut celle que sa haute piété lui fit espérer de cette sainte adresse et d'une si grande dépense, c'est-à-dire de donner à ce solitaire ce qui lui était nécessaire pour vivre, sans le faire rougir de cette aumône, et la lui faisant mériter par son travail; et de l'autre de s'acquitter de cette charité, comme si t'eût été véritablement une dette. Il s'acquit ainsi auprès de Dieu une récompense d'autant plus grande, que par un saint artifice il procura à cet étranger, non seulement ce qui lui était nécessaire pour vivre, mais les instruments mêmes de son travail et le moyen de s'y employer. (Inst., V, 39. P. L., 49, 260.)

*

  • *

Lorsque nous eûmes vu ces personnes, et que le désir de les imiter nous embrasait, le bienheureux Archébius, le plus estimé d'entre eux pour sa charité et son humilité, nous conduisit à sa cellule. Après qu'il nous eut demandé ce que nous désirions pour l'avenir, il feignit de vouloir quitter ce lieu, et il nous offrit sa cellules comme étant résolu de l'abandonner, et nous assurant que quand nous ne nous serions pas trouvés en ce lieu pour y loger, il n'aurait pas laissé de se retirer.

Le désir que nous avions de demeurer en ce lieu, et le témoignage d'un si saint homme fit que nous le crûmes sans hésiter Nous reçûmes ses offres avec joie, et nous prîmes possession sa cellule et de tous les petits meubles qui y étaient. Après qu'il fut ainsi venu à bout de sa sainte tromperie, et qu'il n'eut demeuré que fort peu de jours pendant lesquels il préparait de quoi se faire une autre cellule, il quitta ce lieu. Mais il y retourna ensuite pour s'en bâtir une autre avec beaucoup de peine et de travail. Et quelque temps après, d'autres personnes étant venues qui brûlaient encore comme nous du désir de demeurer dans cette solitude, il les trompa de la même manière qu'il nous avait trompés, et leur laissa sa cellule avec tout ce qui y était.

Sa charité infatigable usa de ce saint déguisement jusqu'à trois fois, et il se rebâtit trois différentes cellules. ( Inst., V, 37. P. L., 49, 256.)

pattern
  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Download
  • docxDOCX (307.07 kB)
  • epubEPUB (288.23 kB)
  • pdfPDF (1.02 MB)
  • rtfRTF (0.96 MB)
Traductions de cette œuvre
Les pères du désert
Commentaires sur cette œuvre
Introduction dans les pères du désert

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité