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Œuvres Pères du désert Les pères du désert
CHAPITRE VII. CHARITÉ
V. — Les Saintes Amitiés.

L'amitié est une vertu.

Le chrétien étend sa charité à tous ceux que le Christ a voulu sauver. Cependant il est des personnes que la Providence unit par les liens plus intimes, membres d'une même famille, âme rapprochées par les ressemblances des tempéraments, par, la communauté d'intérêts, par un « je ne sais quoi ».

On peut rendre à tout le monde des effets de cette charité dont le bienheureux Apôtre dit : « Pendant que nous en avons le temps, pratiquons le bien envers tous et particulièrement envers les frères dans la foi. »

Et on est tellement redevable de cette charité envers tout le monde qu'on la doit même à ses ennemis, à qui Jésus-Christ veut que nous la rendions. Mais pour cette charité d'affection, qu'on appelle l'amitié, on ne la rend qu'à peu de personnes et seulement à celles qui sont liées avec nous par un rapport de moeurs et de vertus. Ce n'est pas que cette affection ne se divise encore en plusieurs degrés...

Nous le voyons dans le patriarche Jacob, qui aimant ses douze enfants avec une tendresse vraiment paternelle, sentait néanmoins une inclination particulière pour Joseph : « Ses frères, dit de lui l'Écriture, lui portaient envie parce que sou père l'aimait. n Non pas que cet homme si juste et qui était père, n'eût beaucoup d'affection pour ses autres fils, mais parce que son coeur se répandait avec plus de tendresse sur celui qu'il savait devoir être la figure du Sauveur.

C'est ce qui est marqué aussi de saint Jean. C'était le disciple que Jésus aimait, quoique Jésus aimât en même temps ses autres apôtres d'une affection très particulière, comme l'Évangile l'exprime en disant : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Et au même endroit : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin. » C'est pourquoi cette affection particulière de Jésus-Christ pour saint Jean ne marquait pas qu'il aimât faiblement les autres, mais qu'il aimait plus ardemment celui que le don de la virginité et la pureté d'un corps chaste rendaient plus aimable.

Car la charité vraiment réglée est celle qui n'ayant d'aversion pour personne, en aime néanmoins quelques-uns plus particulièrement, à cause de l'excellence de leur vertu et de leurs mérites et qui ressentant une affection générale pour tout le monde, se réserve un petit nombre de personnes choisies, pour les aimer avec une plus grande effusion de coeur et fait encore dans ce petit nombre choisi un second choix, par lequel elle s'en réserve quelques-uns qui tiennent le premier rang dans son amour et dans son coeur. (Coll., XXI, 14. P. L., 49, 1028.)

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  • *

Il y a plusieurs sortes d'amitiés qui lient diversement les hommes ensemble par une chaîne d'amour. Quelquefois la recommandation qu'on nous a faite d'une personne, nous ayant d'abord donné sa connaissance, nous lie après avec elle d'une manière très intime. Quelquefois l'engagement dans les mêmes affaires et la société dans un même commerce humain et civil, font contracter ensuite une amitié très étroite. Quelquefois la profession des mêmes arts, et les mêmes emplois de guerre ou de paix, ont été la première cause d'une union très particulière, jusque-là que ceux qui dans les forêts et les montagnes, ne se plaisent qu'à voler et répandre le sang humain, ne laissent pas d'aimer avec tendresse les compagnons de leur cruauté et de leur crime.

Il y a encore une autre sorte d'amitié qui vient de l'instinct de la nature, et de cette loi naturelle, qui fait que nous aimons nos concitoyens, nos femmes, nos parents, nos frères et nos enfants, et les préférons aux autres; et cette loi ne se borne pas aux hommes, mais s'étend aux bêtes et aux oiseaux. Car ils aiment leurs petits avec tant d'ardeur, que souvent pour les conserver et les défendre, ils n'appréhendent pas de s'exposer aux périls et à la mort. Enfin ces bêtes horribles, ces serpents pleins de venin, ces dragons volants, ces crocodiles et ces basilics, qui tuent même de leur vue, et ces autres monstres semblables que leur cruauté et leur poison mortel séparent du reste de la terre, gardent néanmoins la paix entre eux, et respectent en quelque sorte cette liaison du sang et de la nature. Mais comme toutes ces amitiés sont communes aux bons et aux méchants, aux hommes et aux bêtes, il est certain aussi qu'elles ne peuvent pas toujours durer. Elles sont souvent désunies par la séparation des lieux, par l'oubli et la longueur des temps, par la diversité des occupations et des affaires. Et comme cette liaison n'était née que de la naissance et de la nature, ou de la société d'un gain, ou d'un plaisir, aussi le moindre accident suffit pour la rompre. (Coll., XVI, 2. P. L., 49, 1012.)

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