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Œuvres Pères du désert Les pères du désert
CHAPITRE II LA LUTTE
I. Raisons et natures du combat.

La loi de la chair.

Ainsi ils se plaisent dans la loi de Dieu selon l'homme intérieur, qui s'élevant au-dessus de toutes les choses visibles tache de s'unir toujours à Dieu seul. Mais ils remarquent qu'une autre loi qui est dans leurs membres c'est-à-dire dans la nature et la condition de l'homme s'oppose à cette loi de leur esprit et l'entraîne captif par cette loi violente du péché, le contraignant de quitter la présence du souverain bien, pour s'abaisser vers les choses de la terre. Et quoique l'engagement où ils se trouvent puisse être utile et nécessaire et qu'ils s'y appliquent par le devoir d'un ministère saint et religieux, néanmoins lorsqu'ils le comparent avec ce bien suprême dont la contemplation est la joie des saints, ils le regardent comme mauvais et comme une chose qu'ils doivent fuir, parce qu'il les retire, au moins en quelque sorte et pour quelque moment, de la vue de cet objet éternel qui peut seul les rendre véritablement heureux. Car il est vrai que cette loi de péché, dont parle l'Apôtre, est passée dans tous les hommes par le péché du premier homme et qu'elle est l'effet de cette juste condamnation que Dieu prononça contre lui, lorsqu'il dit : « La terre sera maudite dans vos ouvrages : Elle vous produira des épines et des ramés et vous mangerez votre pain à la sueur de votre visage ! »

C'est donc cette loi qui est insérée dans la chair même de tous les hommes, qui s'oppose à la loi de notre esprit, qui lui défend de voir et de contempler Dieu autant qu'il le désire et par laquelle la terre ayant été maudite dans nos ouvrages, a commencé après la connaissance du bien et du mal, de nous produire des pensées inquiètes, comme des épines et des ronces qui nous piquent et qui étouffent la semence des vertus, afin que nous ne puissions manger qu'à la sueur de notre visage ce pain qui est descendu pour nous du Ciel et qui fortifie le coeur de l'homme. (Coll., XXIII, 11. P. L., 49, 1262.)

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Il est donc clair que nous ne devons pas ici entendre par ce mot de chair l'homme même, c'est-à-dire la substance de l'homme, mais la volonté de la chair, et ses désirs déréglés ; comme par le mot d'esprit nous ne devons pas entendre quelque substance, mais seulement les bonnes et saintes affections de l'âme. C'est le sens que cet apôtre a marqué assez clairement dans ce qui précède : « Marchez en esprit et vous n'accomplirez point les désirs de la chair ; car la chair a des désirs contre l'esprit et l'esprit contre la chair; ces deux choses s'entrefont la guerre afin que vous ne puissiez pas faire ce que vous voulez. » Et comme ces deux différents désirs, c'est-à-dire ceux de l'esprit et ceux de la chair, sont dans une même personne, nous sommes toujours dans une guerre domestique et intérieure. Car d'un côté la concupiscence de la chair, qui se porte toujours avec ardeur vers le mal, trouve sa joie et son repos dans les délices et les plaisirs de la terré ; et de l'autre l'esprit résistant à la chair, désire de s'appliquer si entièrement aux exercices spirituels, qu'il souhaiterait s'interdire pour toujours les usages les plus nécessaires du corps, et d'être tellement absorbé dans les choses invisibles, qu'il voudrait ne plus donner aucun de ses soins au soulagement de celle qui lui fait sans cesse la guerre.

La chair se plait au luxe et à la sensualité ; l'esprit ne veut point consentir aux désirs même les plus naturels. La chair aime à se satisfaire dans le manger et le sommeil; l'esprit se nourrit et s'engraisse en quelque sorte des veilles, et ne voudrait pas même donner au manger et au dormir, autant que lui demande la nécessité de la vie. La chair veut avoir tout avec abondance; l'esprit a même quelque peine de voir, que ce peu de pain dont il a besoin chaque jour ne lui manque jamais. La chair désire la propreté et les bains et prend plaisir à se voir tous les jours assiégée d'une troupe de flatteurs; l'esprit ne se plaît que dans ce qui est grossier et malpropre, il aime la demeure affreuse d'un désert inaccessible, et il se détourne de la compagnie des hommes. Enfin la chair aime l'honneur et les applaudissements des hommes, et l'esprit se glorifie dans les persécutions et les injures. (Coll., IV, 11. P. L., 49, 596.)

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