Le nombre des oraisons.
Paul croyait offrir le tribut que Dieu attendait de lui en faisant chaque jour 300 oraisons, qu'il comptait en tirant 300 petits cailloux de sa tunique. Il apprend qu'une simple villageoise fait 700 oraisons. Inquiet, il consulte Macaire. Il reçoit de cet insigne spirituel la réponse du bon sens : « Si vous êtes capable de plus, faites-le; mais considérez d'abord la qualité de vos prières. »
Il y a une montagne en Égypte nommée Phermé, qui est proche de la vaste solitude de Scété. Elle est habitée par environ cinq cents solitaires, entre lesquels il y en avait un, nommé Paul, qui était un homme excellent, et qui passa toute sa vie en cette manière. Il ne fit jamais aucun ouvrage, il ne se mêla jamais d'aucune affaire; et ne reçut jamais rien de personne, que ce qu'il fallait pour vivre durant un jour. Mais tout son ouvrage et tout son exercice consistaient à prier sans cesse. Il faisait chaque jour trois cents oraisons réglées, et portait sur lui pour cela trois cents petites pierres, dont il en mettait une à part à chaque oraison qu'il luisait. Étant allé trouver saint Macaire, surnommé le citadin, pour recevoir quelque consolation de lui, il lui dit : « Mon père, je suis extrêmement affligé. » Le saint l'ayant contraint de lui en déclarer la cause, il lui parla de la sorte : « Il y a dans un village une fille qui sert Dieu depuis trente ans, dont plusieurs m'ont rapporté, qu'elle ne mange que le samedi et le dimanche, et qu'elle fait chaque jour sept cents oraisons, ce qui m'oblige à me condamner moi-même de ce qu'étant un homme, et ayant beaucoup plus de force qu'elle, je n'ai pu jusqu'ici faire que trois cents oraisons par jour. » Saint Macaire lui répondit : « Voici la soixantième année que je ne fais que cent oraisons par jour, et que je travaille de mes mains pour me nourrir, et pour m'acquitter de ce que je dois envers mes frères, sans que néanmoins ma conscience m'accuse d'être négligent. Que si la vôtre vous reproche quelque chose, encore que vous en fassiez trois cents par jour, il est visible ou que vous ne priez pas avec assez de pureté, ou que vous en pouvez faire davantage ». (Heracl., 8. P. L., 74, 279.)