La pauvreté volontaire source d'aumônes.
Nulle part en Égypte, l'oisiveté n'est tolérée chez les moines. Ils doivent gagner leur nourriture par le travail de leurs mains. De plus, non seulement ils assistent les étrangers qui les visitent, mais dans les villages de Lybie où sévit la famine, dans les prisons et autres lieux des villes, ils répandent d'immenses aumônes, pensant ainsi, avec le fruit de leur labeur offrir un sacrifice agréable à Dieu. (Inst., X, 22. P. L., 49, 388.)
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Nous vîmes ensuite dans la province d'Arsinoé un prêtre nommé Sérapion, qui était supérieur de plusieurs monastères, et avait sous sa conduite environ dix mille solitaires, lesquels vivant tous de leur travail, et principalement de ce qu'ils gagnaient dans le temps de la moisson, en mettaient la plus grande partie entre les mains de ce supérieur pour le soulagement des pauvres. Car c'était une coutume établie, non seulement parmi eux, mais presque entre tous les solitaires d'Égypte, qu'ils se louaient durant la moisson, et gagnaient par ce moyen quantité de blé, dont ils donnaient la plus grande partie pour les pauvres; ce qui faisait que non seulement ceux de tous les environs en étaient nourris, mais qu'on en chargeait même des vaisseaux, qui en portaient en Alexandrie, pour le distribuer aux prisonniers et étrangers et autres personnes qui se trouvaient en nécessité, n'y ayant pas assez de pauvres dans la campagne pour consommer tous les fruits que leur charité produisait avec une si extrême abondance. (H. M., 18. P. L., 21.)
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L'Apôtre Paul nous rapporte cette parole du Maître : « Il y a plus de béatitude à donner qu'à recevoir. » Cette béatitude est bien celle du moine qui fait des largesses non pas avec de l'argent acquis par mauvaise foi ni avec les trésors amassés par l'avarice, mais du fruit de son propre travail et de sa pieuse sueur.
Bienheureux celui qui donne, étant aussi pauvre que celui qui reçoit, qui n'ayant rien travaille non seulement pour pourvoir à sa nécessité, mais pour acquérir ce qu'il donnera à l'indigent; il est assuré d'une double grâce, ayant acquis le parlait dépouillement du Christ, le dépouillement de toutes choses, et usant grâce à son travail de la munificence du riche. ( Inst., X, 19. P. L., 49, 385.)