CHAPITRE IX. L’ESPRIT COMMANDE AU CORPS ; IL EST OBÉI: L’ESPRIT SE COMMANDE, ET IL SE RÉSISTE
2l. D’où vient ce prodige ? quelle en est la cause? Faites luire votre miséricorde ! que j’interroge ces mystères de vengeance, et qu’ils me répondent! que je pénètre cette nuit de tribulation qui couvre les fils d’Adam! D’où vient, pourquoi ce prodige ? L’esprit commande au corps; il est obéi; l’esprit se commande, et il se résiste. L’esprit commande à la main de se mouvoir, et l’agile docilité de l’organe nous laisse à peine distinguer le maître de l’esclave; et l’esprit est esprit, la main est corps. L’esprit commande de vouloir à l’esprit, à lui-même, et il n’obéit pas. D’où vient ce prodige? la cause? Celui-là, dis-je, se commande de vouloir, qui ne commanderait s’il ne voulait; et ce qu’il commande ne se fait pas !
Mais il ne veut qu’à demi; donc, il ne commande qu’à demi. Car, tant il veut, tant il commande; et tant il est désobéi, tant il ne veut pas. Si la volonté dit : Sois la volonté! autrement: que je sois! Elle n’est pas entière dans son commandement, et partant elle n’est pas obéie; car si elle était entière, elle ne se commanderait pas d’être, elle serait déjà. Ce n’est donc pas un prodige que cette volonté partagée, qui est et n’est pas; c’est la faiblesse de l’esprit malade, qui, soulevé par la main de la vérité, rie se relève qu’à demi, et retombe de tout le poids de l’habitude. Et il n’existe ainsi deux volontés que parce qu’il en est toujours une incomplète, et que ce qui manque à l’une s’ajoute à l’autre.
