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Aug. S'il en est ainsi, je confesse que la définition est parfaite; veux-tu toutefois essayer si elle ne pécherait point par le second défaut que nous avons trouvé dans la définition de l'homme , après avoir ajouté le mot grammairien? Il doit t'en souvenir, nous avons appelé l'homme un animal raisonnable, mortel et grammairien ; et cette définition avait le défaut d'être fausse dans son premier énoncé, et vraie après sa conversion seulement. Il est faux, en effet, que tout homme soit un animal raisonnable, mortel, grammairien, bien qu'il soit vrai que tout animal raisonnable, mortel, grammairien est un homme. Donc, cette définition qui n'embrasse rien autre chose que l'homme, a le défaut de n'embrasser pas tout homme; et telle est peut-être celle dont nous vantons la perfection. Car, bien que toute impression corporelle qui se révèle par elle-même à l'âme soit une sensation, toute sensation n'est pas cela. Tu vas le comprendre
Les bêtes sentent , et presque toutes sont douées de nos cinq sens, autant qu'il est dans la nature de chacune; le nieras-tu? — Ev. Pas du tout. — Aug. N'accordes-tu pas qu'il y a science uniquement lorsque la raison apprend et connaît une chose avec certitude? Or, la raison n'est point-:chez l'animal. — Ev. Je l'accorde aussi. — Aug. Donc, la science n'est point pour les bêtes. En effet on sait ce qui n'est point inconnu; donc la bête ne sent point; car toute sensation est une impression corporelle qui d'elle-même se révèle à l'âme. Elle sent néanmoins, d'après ce qui vient d'être accordé, pourquoi donc hésiter encore à repousser une définition qui ne renferme point tout ce qui est sensation, puis qu'elle exclut les sensations des bêtes?
