Edition
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De Pudicitia
XXI.
[1] Haec si apostoli magis norant, magis utique curabant. Sed et in hunc iam gradum decurram, excernens inter doctrinam apostolorum et potestatem. Disciplina hominem gubernat, potestas adsignat. Sed rursum quid potestas?
Exhibe igitur et nunc mihi, apostolice, prophetica exempla, ut agnoscam diuinitatem, et uindica tibi delictorum eiusmodi remittendorum potestatem. [6] Quod si disciplinae solius officia sortitus est, nec imperio praesidere, sed ministerio, quis aut quantus es indulgere, qui neque prophetam nec apostolum exhibens cares ea uirtute cuius est indulgere? [7] « Sed habet, inquis, potestatem ecclesia delicta donandi. » Hoc ego magis et agnosco et dispono, qui ipsum Paracletum in prophetis nouis habeo dicentem: « Potest ecclesia donare delictum, sed non faciam, ne et alia delinquant. » [8] Quid, si pseudopropheticus spiritus pronuntiauit? atqui magis euersoris fuisset et semetipsum de clementia commendare et ceteros ad delinquentiam temperare. Aut si et hoc secundum spiritum ueritatis adfectare gestiuit, ergo spiritus ueritatis potest quidem indulgere fornicatoribus ueniam, sed cum plurium malo non uult.
[9] De tua nunc sententia quaero, unde hoc ius ecclesiae usurpes. Si quia dixerit Petro Dominus : Super hanc petram aedificabo ecclesiam meam, tibi dedi claues regni caelestis, uel: Quaecumque alligaueris uel solueris in terra, erunt alligata uel soluta in caelis, idcirco praesumis et ad te deriuasse soluendi et alligandi potestatem, id est ad omnem ecclesiam Petri prouinciam, [10] qualis es, euertens atque commutans manifestam Domini intentionem personaliter hoc Petro conferentem? Super te, inquit, aedificabo ecclesiam meam, et: Dabo tibi claues, non ecclesiae, et: Quaecumque solueris uel alligaueris, non quae soluerint uel alligauerint. [11] Sic enim et exitus docet. In ipso ecclesia extructa est id est per ipsum, ipse clauem imbuit, uides quam: Viri Israelitae, auribus mandate quae dico: Iesum nazarenum uirum a Deo uobis destinatum, et reliqua. [12] Ipse denique primus in Christi baptismo reserauit aditum caelestis regni, quo soluuntur alligata retro delicta et alligantur quae non fuerint soluta, secundum ueram salutem, et Ananiam uinxit uinculo mortis et debilem pedibus absoluit uitio ualetudinis. [13] Sed et in illa disceptatione custodiendae
[16] Quid nunc et ad ecclesiam et quidem tuam, psychice? Secundum enim Petri personam spiritalibus potestas ista conueniet, aut apostolo aut prophetae. Nam et ipsa ecclesia proprie et principaliter ipse est spiritus, in quo est trinitas unius diuinitatis, Pater et Filius et Spiritus sanctus. Illam ecclesiam congregat quam Dominus in tribus posuit. [17] Atque ita exinde etiam numerus omnis qui in hanc fidem conspirauerint ecclesia ab auctore et consecratore censetur. Et ideo ecclesia quidem delicta donabit, sed ecclesia spiritus per spiritalem hominem, non ecclesia numerus episcoporum. Domini enim, non famuli est ius et arbitrium; Dei ipsius, non sacerdotis.
Übersetzung
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De la pudicité
XXI.
Plus les Apôtres connaissaient ces autorités, plus ils les respectaient, par conséquent. Mais il s'agit maintenant de distinguer entre la doctrine des Apôtres et leur pouvoir. La discipline gouverne l'homme, la puissance le marque de son sceau. La puissance est quelque chose en dehors de lui; l'Esprit, au contraire, est Dieu. Qu'enseignait donc l'Esprit? « Vous éviterez toute communauté avec les œuvres de ténèbres. » Observe donc ce qu'il ordonne. Qui pouvait remettre les péchés? Ce droit n'appartient encore qu'à lui seul. « Qui, en effet, remet les péchés, si ce n'est Dieu seul, » surtout les péchés mortels commis contre lui et contre son temple? Car, quant aux péchés que les autres ont commis contre toi, il t'ordonne, dans la personne de Pierre, « de les pardonner septante fois sept fois.» Ainsi, en admettant même comme certain que les bienheureux Apôtres ont remis une prévarication dont le pardon est laissé à Dieu et non à l'homme, il serait constant qu'ils l'ont fait, non en vertu de la loi, mais en vertu de leur pouvoir. Les Apôtres ont ressuscité des morts, ce qui n'appartient qu'à Dieu; ils ont guéri des malades, ce que personne n'avait fait ayant Jésus-Christ; il y a plus, ils ont infligé des châtiments, ce que Jésus-Christ n'avait pas voulu faire. Celui qui n'était venu que pour souffrir n'a pas jugé à propos de sévir. « Ils frappèrent Ananias et Elymas. Ananias de mort, Elymas de cécité, » pour témoigner par là que Jésus-Christ aurait pu en faire autant. Ainsi encore les prophètes avaient pardonné anciennement aux larmes du repentir le meurtre et avec lui l'adultère, parce que les marques de sévérité qu'ils avaient déjà données le permettaient. Mais toi, ô homme apostolique! montre-moi en ce moment tes exemples prophétiques, et je reconnaîtrai la divinité qui agit par ton bras, puis revendique le pouvoir de remettre les prévarications de cette nature. Mais, si tu n'es chargé que du maintien de la discipline, chef de l'Eglise, moins pour commander que pour obéir, qui es-tu donc, et quels sont tes droits pour accorder le pardon, toi qui, ne te montrant ni prophète ni apôtre, n'as pas la vertu de celui auquel il appartient de pardonner?
---- L'Eglise a le pouvoir de remettre les péchés, diras-tu. ---- Je lui reconnais ce droit autant et plus que toi, moi qui reconnais dans les prophètes nouveaux1 le Paraclet dont la sagesse me dit: l'Eglise a le pouvoir de remettre les péchés; seulement je n'en userai pas, de peur que l'on n'en profite pour pécher encore.
Diras-tu que c'est là le langage d'un faux prophète? Loin de là! Il eût bien mieux convenu à un destructeur de la Foi, d'accréditer sa doctrine par des maximes d'indulgence, et d'incliner les autres au péché. Si donc il a prononcé cette sentence conformément à l'Esprit de vérité, l'Esprit de vérité, tout en pouvant accorder aux fornicateurs leur pardon, ne le veut pas à cause du mal qu'il ferait au plus grand nombre.
Maintenant, je prends acte de ta déclaration, pour te demander à quel titre tu usurpes le droit de l'Eglise. Si de ce que le Seigneur a dit à Pierre: « Je bâtirai mon Eglise sur cette pierre; Je t'ai donné les clefs du royaume des Cieux, » ou bien: « Tout ce que lu lieras ou délieras sur la terre, sera lié ou délié dans les cieux; » tu t'imagines orgueilleusement que la puissance de lier et de délier est descendue jusqu'à toi, c'est-à-dire à toute l'Eglise, qui est en communion avec Pierre, quelle est ton audace de pervertir et de ruiner la volonté manifeste du Seigneur, qui ne conférait ce privilège qu'à la personne de Pierre? « C'est sur toi que je bâtirai mon Eglise,» lui dit-il; c'est à toi que je donnerai les clefs, » et non à l'Eglise. « Tout ce que tu lieras ou que tu délieras; etc. » mais non pas tout ce qu'ils lieront ou délieront.
Les événements confirment cette vérité. C'est en lui, c'est-à-dire par lui que l'Eglise a été édifiée; c'est lui qui en reçoit la clef; et quelle clef! Ecoute: « Hommes d'Israël, entendez ces paroles: Jésus de Nazareth a été immolé par vous, etc. » En un mot, c'est lui qui, le premier, ouvrit pat le baptême en Jésus-Christ l'entrée du royaume des Cieux, où sont déliées les prévarications qui autrefois avaient été liées, et où demeurent liées celles qui n'ont pas été déliées ici-bas; lui enfin qui enchaîna Ananias dans les liens de la mort, et délivra le paralytique de l'infirmité qui le travaillait. Mais voilà mieux. Dans la discussion qui s'éleva pour savoir s'il fallait garder ou non la loi mosaïque, Pierre se lève le premier, sous l'inspiration de l'Esprit saint, et le premier proclame la vocation des Gentils. « Maintenant donc, s'écrie-t-il, pourquoi tentez-vous Dieu, » imposant à ses disciples un joug que « nos pères ni nous n'avons su porter? Nous croyons que nous serons sauvés par la grâce du Seigneur Jésus-Christ, comme eux. » Cette déclaration nous affranchit des obligations de la loi qu'elle abroge, et nous enchaîne à celles qu'elle conserve. Tant il est vrai que le pouvoir de lier et de délier, accordé à Pierre, n'implique pas la rémission des prévarications capitales commises par les fidèles. En lui prescrivant « de remettre à son frère ses dettes jusqu'à septante fois sept fois, » c'était lui ordonner de ne rien lier ou retenir, à moins qu'il n'eût péché contre le Seigneur, et non pas contre son frère. De la rémission accordée aux péchés contre l'homme sort la présomption que les péchés contre Dieu ne doivent pas être pardonnes. Qu'y a-t-il là maintenant de commun avec l'Eglise, et surtout avec la tienne, ô Psychique? Ce pouvoir, en effet, n'appartiendra, depuis la personne de Pierre, qu'aux hommes spirituels, à l'Apôtre ou au prophète.
L'Esprit2, à vrai dire, est principalement et proprement l'Eglise, puisqu'en lui réside la Trinité d'un seul et même Dieu, le Père, le Fils et l'Esprit saint. C'est lui qui forme à lui seul cette Eglise qui, suivant la parole du Seigneur, existe là où trois personnes sont rassemblées. Ensuite, tous ceux qui ont embrassé la même foi sont appelés du nom d'Eglise, par notre fondateur et notre consécrateur. Voilà pourquoi l'Eglise remettra les péchés, il est vrai, mais l'Esprit-Eglise par l'homme spirituel, et non pas l'Eglise qui réside dans le corps épiscopal. Ce droit est réservé au Seigneur, et. non à son ministre, à Dieu lui-même, et non à son prêtre.