Edition
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De civitate Dei (CCSL)
Caput XXV: Quod peccatum non per peccatum debeat declinari.
At enim timendum est et cauendum, ne libidini subditum corpus inlecebrosissima uoluptate animum adliciat consentire peccato. proinde, inquiunt, non iam propter alienum, sed propter suum peccatum, antequam hoc quisque committat, se debet occidere. nullo modo quidem hoc faciet animus, ut consentiat libidini carnis suae aliena libidine concitatae, qui deo potius eiusque sapientiae quam corpori eiusque concupiscentiae subiectus est. uerumtamen si detestabile facinus et damnabile scelus est etiam se ipsum hominem occidere, sicut ueritas manifesta proclamat, quis ita desipiat ut dicat: iam nunc perpetremus homicidium, ne postea forte incidamus in adulterium? nonne si tantum dominatur iniquitas, ut non innocentia, sed peccata potius eligantur, satius est incertum de futuro adulterium quam certum de praesenti homicidium? nonne satius est flagitium committere, quod paenitendo sanetur, quam tale facinus, ubi locus salubris paenitentiae non relinquitur? haec dixi propter eos uel eas, quae non alieni, sed proprii peccati deuitandi causa, ne sub alterius libidine etiam excitatae suae forte consentiant, uim sibi, qua moriantur, inferendam putant. ceterum absit a mente Christiana, quae deo suo fidit in eoque spe posita eius adiutorio nititur, absit, inquam, ut mens talis quibuslibet carnis uoluptatibus ad consensum turpitudinis cedat. quodsi illa concupiscentialis inoboedientia, quae adhuc in membris moribundis habitat, praeter nostrae uoluntatis legem quasi lege sua mouetur, quanto magis absque culpa est in corpore non consentientis, si absque culpa est in corpore dormientis.
Übersetzung
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La cité de dieu
CHAPITRE XXV.
IL NE FAUT POINT ÉVITER UN PÉCHÉ PAR UN AUTRE.
Mais il est à craindre, dit-on, que soumis à un outrage brutal, le corps n’entraîne l’âme, par le vif aiguillon de la volupté, à donner au péché un coupable contentement; et dès lors, le chrétien doit se tuer, non pour éviter le péché à autrui, mais pour s’en préserver lui-même. Je réponds que celui-là ne laissera point son âme céder à l’excitation d’une sensualité étrangère qui vit soumis à Dieu et à la divine sagesse, et non à la concupiscence de la chair. De plus, s’il est vrai et évident que c’est un crime détestable et digne de la damnation de se donner la mort, y a-t-il un homme assez insensé pour parler de la sorte: Péchons maintenant, de crainte que nous ne venions à pécher plus tard. Soyons homicides, de crainte d’être plus tard adultères. Quoi donc! si l’iniquité est si grande qu’il n’y ait plus à choisir entre le crime et l’innocence, mais à opter entre deux crimes, ne vaut-il pas mieux préférer un adultère incertain et à venir à un homicide actuel et certain; et le péché, qui peut être expié par la pénitence n’est-il point préférable à celui qui ne laisse aucune place au repentir? Ceci soit dit pour ces fidèles qui se croient obligés à se donner la mort, non pour épargner un crime à leur prochain, mais de peur que la brutalité qu’ils subissent n’arrache à leur volonté un consentement criminel. Mais loin de moi, loin de toute âme chrétienne, qui, ayant mis sa confiance en Dieu, y trouve son appui, loin de nous tous cette crainte de céder à l’attrait honteux de la volupté de la chair! Et si cet esprit de révolte sensuelle, qui reste attaché à nos membres, même aux approches de la mort, agit comme par sa loi propre en dehors de la loi de notre volonté, peut-il y avoir faute, quand la volonté refuse, puisqu’il n’y en a pas, quand elle est suspendue par le sommeil?