Edition
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De Trinitate
Prologus
[1] Cum homines deum quaerunt et ad intellegentiam trinitatis pro captu infirmitatis humanae animum intendunt, experti difficultates laboriosas sive in ipsa acie mentis conantis intueri inaccessibilem lucem sive in ipsa multiplici et multimoda locutione litterarum sacrarum, ubi mihi non videtur nisi atteri Adam ut Christi gratia glorificata dilucescat, cum ad aliquid certum discussa omni ambiguitate pervenerint, facillime debent ignoscere errantibus in tanti pervestigatione secreti. Sed duo sunt quae in errore hominum difficillime tolerantur: praesumptio priusquam veritas pateat, et cum iam patuerit praesumptae defensio falsitatis. A quibus duobus vitiis nimis inimicis inventioni veritatis et tractationi divinorum sanctorumque librorum si me, ut precor et spero, deus defenderit atque muniverit scuto bonae voluntatis suae et gratia misericordiae suae, non ero segnis ad inquirendam substantiam dei sive per scripturam eius sive per creaturam. Quae utraque nobis ad hoc proponitur intuenda ut ipse quaeratur, ipse diligatur qui et illam inspiravit et istam creavit. Nec trepidus ero ad proferendam sententiam meam in qua magis amabo inspici a rectis quam timebo morderi a perversis. Gratanter enim suscipit oculum columbinum pulcherrima et modestissima caritas; dentem autem caninum vel evitat cautissima humilitas vel retundit solidissima veritas. Magisque optabo a quolibet reprehendi quam sive ab errante sive ab adulante laudari; nullus enim reprehensor formidandus est amatori veritatis. Etenim aut inimicus reprehensurus est aut amicus. Si ergo inimicus insultat, ferendus est; amicus autem si errat, docendus; si docet, audiendus. Laudator vero et errans confirmat errorem, et adulans inlicit in errorem. Emendabit ergo me iustus in misericordia et arguet me; oleum autem peccatoris non impinguabit caput meum.
Übersetzung
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De la trinité
PRÉFACE.
- Ceux qui cherchent Dieu, et qui s’appliquent, selon la faiblesse de l’esprit humain, à comprendre le mystère de la sainte Trinité, entreprennent un travail laborieux et difficile. Car, d’un côté, l’intelligence elle-même s’émousse dans ses efforts pour fixer cette lumière inaccessible, et de l’autre, l’Ecriture renferme une foule d’expressions dont il n’est pas toujours bien facile de saisir le sens. Je crois que l’Esprit-Saint a permis ces difficultés afin d’humilier notre raison, et de la relever ensuite en la forçant de se laisser diriger et éclairer par la grâce de Jésus-Christ. C’est pourquoi, si vous parvenez en un tel sujet à découvrir la vérité pleine et entière, vous devez être facilement indulgent pour ceux qui s’égareraient dans les profondeurs de cet impénétrable mystère. Mais l’homme qui se trompe, doit se prémunir contre deux vices qu’on lui pardonnerait difficilement. Le premier serait de se montrer présomptueux, avant que d’avoir saisi la vérité, et le second serait de s’opiniâtrer à défendre une erreur prouvée et démontrée. Puisse le Seigneur exaucer ma prière, et me préserver de ces deux vices également contraires à la recherche de la vérité, et à la saine interprétation des saintes Ecritures! Puisse-t-il aussi, comme je l’espère, me couvrir du bouclier de sa bonne volonté et de sa miséricorde, afin que je continue avec une ardeur nouvelle à étudier, soit dans l’Ecriture, soit dans la nature visible, la grande question de la nature divine. Au reste, ces deux sources ne nous sont ouvertes que pour nous faciliter la recherche et l’amour de Celui qui a inspiré l’une et créé l’autre.
Je n’hésiterai pas non plus à dire franchement ma pensée, et toujours je rechercherai l’approbation des gens judicieux, bien plus que je ne craindrai les critiques des méchants. Et en effet, la charité qui est la plus belle des vertus, est si modeste qu’elle emprunte volontiers le doux regard de la colombe, et l’humilité qui est sincère, évite avec soin d’employer la dent du dogue, même lorsqu’elle prouve invinciblement la vérité. D’ailleurs, je préfère les observations de tout censeur catholique aux louanges et aux flatteries d’un hérétique. Car celui qui aime réellement la vérité, ne doit craindre aucune critique. Et en effet, c’est ou un ennemi qui vous reprend, ou un ami. Si c’est un ennemi qui vous insulte, il faut le supporter; si c’est un ami qui s’égare, il faut le ramener en la bonne voie, et s’il veut vous instruire, il faut l’écouter. Mais l’hérétique qui vous loue et qui vous flatte, ne fait que vous affermir dans votre erreur, et vous y enfoncer plus profondément. « Que le juste me reprenne donc, et me corrige avec charité, mais que l’huile du pécheur ne se répande point sur ma tête ( Ps., CXL, 5 ) ».