Edition
ausblenden
De Trinitate
VI.
[I 1] Aequalitatem patris et filii et spiritus sancti putant nonnulli ex hoc impediri quominus intellegatur, quia scriptum est: Christum dei virtutem et dei sapientiam, ut ideo non videatur aequalitas quia non est pater ipse virtus et sapientia sed genitor virtutis et sapientiae. Et revera non mediocri intentione quaeri solet quomodo dicatur deus virtutis et sapientiae pater. Ait enim apostolus: Christum dei virtutem et dei sapientiam. Et hinc nonnulli nostri adversus Arrianos hoc modo ratiocinati sunt, eos dumtaxat qui prius se adversus catholicam fidem extulerunt. Nam ipse Arius dixisse fertur: Si filius est, natus est. Si natus est, erat tempus quando non erat filius, non intellegens etiam natum esse deo sempiternum esse ut sit coaeternus patri filius, sicut splendor qui gignitur ab igne atque diffunditur coaevus est illi, et esset coaeternus si esset ignis aeternus. Unde quidem posteriores Arriani abiecerunt istam sententiam fassique sunt non ex tempore coepisse filium dei. Sed inter disputationes quas habebant nostri adversus eos qui dicebant: Erat tempus quando non erat filius, hanc etiam nonnulli ratiocinationem inserebant: ‚Si dei filius virtus et sapientia dei est nec umquam deus sine virtute et sapientia fuit, coaeternus est deo patri filius. Dicit autem apostolus: Christum dei virtutem et dei sapientiam, et deum aliquando non habuisse virtutem aut sapientiam dementis est dicere. Non igitur erat tempus quando non erat filius.‘
[2] Quae ratiocinatio ad id cogit ut dicamus deum patrem non esse sapientem nisi habendo sapientiam quam genuit, non exsistendo per se pater ipsa sapientia. Deinde si ita est, filius quoque ipse sicut dicitur deus de deo, lumen de lumine, videndum est utrum possit sapientia de sapientia dici si non est deus pater ipsa sapientia sed tantum genitor sapientiae. Quod si tenemus, cur non et magnitudinis suae et bonitatis, aeternitatis, omnipotentiae suae genitor sit ut non ipse sit sua magnitudo et sua bonitas et sua aeternitas et sua omnipotentia, sed ea magnitudine magnus sit quam genuit et ea bonitate bonus et ea aeternitate aeternus et ea omnipotentia omnipotens quae de illo nata est, sicut non ipse sua sapientia est sed ea sapientia sapiens est quae de illo nata est. Nam illud non est formidandum ne cogamur multos filios dei dicere praeter adoptionem creaturae coaeternos patri si magnitudinis suae genitor est et bonitatis et aeternitatis et omnipotentiae. Huic enim calumniae facile respondetur sic non effici quia multa nominata sunt ut ille multorum filiorum coaeternorum sit pater quemadmodum non efficitur ut duorum sit cum dicitur: Christus dei virtus et dei sapientia. Eadem quippe virtus quae sapientia et eadem sapientia quae virtus. Itane igitur etiam de ceteris ut eadem sit magnitudo quae virtus et si qua alia vel supra commemorata sunt vel commemorari adhuc possunt?
Übersetzung
ausblenden
De la trinité
CHAPITRE PREMIER.
LE FILS EST LA VERTU ET LA SAGESSE DE DIEU LE PÈRE. DIFFICULTÉ DE SAVOIR SI LE PÈRE N’EST PAS LUI-MÊME SAGESSE, MAIS SEULEMENT PÈRE DE LA SAGESSE.
-
Quelques-uns voient une difficulté à admettre l’égalité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, parce qu’il est écrit que le « Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu »; en sorte que l’égalité cesserait d’exister parce que le Père ne serait point vertu et sagesse, mais Père de la vertu et de la sagesse. Au fond, on n’attache pas d’ordinaire une médiocre importance à savoir comment Dieu peut être appelé Père de la vertu et de la sagesse. L’Apôtre dit en effet que « le Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu (I Cor., I, 24 )». De là quelques-uns des nôtres ont déduit le raisonnement suivant contre ceux des Ariens qui ont les premiers attaqué la foi catholique. Arius aurait dit, à ce qu’on rapporte : S’il est Fils, il est né; s’il est né, il! a eu un temps où il n’était pas Fils: ne comprenant pas qu’être né de Dieu c’est être éternel, en sorte que le Fils est coéternel au Père, comme la lumière produite et répandue par le feu, naît en même temps que lui, et lui serait coéternelle si le feu était éternel. Aussi plus tard quelques Ariens ont rejeté cette opinion, et ont reconnu que le Fils de Dieu n’a pas commencé dans le temps. Mais dans les discussions que les nôtres soutenaient contre ceux qui disaient : Il fut un temps où le Fils n’était pas, quelques-uns faisaient ce raisonnement : Si le Fils de Dieu est la vertu et la sagesse de Dieu et que Dieu n’ait jamais été sans vertu et sans sagesse, le Fils est donc coéternel à Dieu le Père. Or, l’Apôtre dit que « le Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu »; et d’autre part, affirmer qu’il fut un temps où Dieu n’eut ni Vertu ni sagesse, serait un trait de folie; donc il n’y a jamais eu de temps où le Fils de Dieu n’existât pas.
-
Ce raisonnement nous mènerait nécessairement à dire que Dieu le Père n’est sage que de la sagesse qu’il a engendrée, et n’est point sagesse par lui-même. Or, s’il en est ainsi, si le Père n’est point lui-même sagesse, mais seulement Père de la sagesse, il reste à savoir comment, le Fils étant appelé Dieu de Dieu, lumière de lumière, on pourra aussi l’appeler sagesse de sagesse. Dans cette hypothèse, pourquoi le Père ne serait-il pas aussi appelé le Père de sa grandeur, de sa bonté, de son éternité, de sa toute-puissance, de sorte qu’il ne serait pas lui-même sa propre grandeur, sa bonté, son éternité, sa toute-puissance, mais qu’il serait simplement grand de la grandeur, bon de la bonté, éternel de l’éternité, tout-puissant de la toute-puissance qui est née de lui, absolument comme il ne serait point sage de sa sagesse, mais de la sagesse qui est née de lui? Dans ce cas, si réellement Dieu est seulement le Père de sa grandeur, de sa bonté, de son éternité, de sa toute-puissance, il ne faudrait pas reculer devant la nécessité d’admettre, en dehors de l’adoption de la créature, beaucoup de fils de Dieu coéternels au Père.
A cette objection on répond sans peine que, nommer beaucoup d’attributs divins, ce n’est pas supposer que Dieu soit le père de beaucoup de fils coéternels, pas plus qu’on ne suppose qu’il est doublement Père, quand on dit que le Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu car la vertu est la même chose que la sagesse, et la sagesse la même chose que la vertu. On peut donc dire aussi que la grandeur et tous les autres attributs que nous avons mentionnés et ceux que l’on peut mentionner encore, sont la même chose que la vertu. (434)