XII.
Voilà donc,—et c’est ce que nous ne cessons de vous répéter, —voilà pourquoi vous nous persécutez malgré notre innocence; voilà pourquoi vous outragez Dieu, en combattant ou en opprimant ses serviteurs. Ce n’est pas assez de souiller votre vie par toute espèce de vices, d’iniquités, je rapines; ce n’est pas assez de vous faire de la superstition une arme contre la religion véritable; ce n’est pas assez de vivre dans l’oubli et le mépris de Dieu: vous poursuivez encore de vos injustes attaques les serviteurs qui se dévouent à sa majesté et à son nom. Vous n’adorez pas Dieu, et vous persécutez ceux qui l’adorent; vous n’adorez pas Dieu et vous cherchez à lui ravir ses adorateurs. Qu’on s’attache à d’absurdes idoles, à des statues fabriquées par des hommes; qu’on adore je ne sais quelles imaginations monstrueuses, peu vous importe: les serviteurs de Dieu ont seuls le don de vous déplaire. De toutes parts, dans vos temples, on voit fumer la graisse des victimes : et le Dieu véritable n’a pas d’autels, ou bien ,on est réduit à. les cacher. Vous prodiguez votre encens à des crocodiles, à des cynocéphales, à des pierres, à des serpents; et Dieu seul est oublié, et on joue sa tête en le servant. Des hommes innocents, justes, agréables à Dieu, sont chassés par vous de leurs demeures, dépouillés de leur patrimoine, chargés de chaînes, enfermés dans les prisons; ils meurent sous le tranchant du glaive, brûlés sur les bûchers ou dévorés par les bêtes. Mais une mort prompte, qui d’un seul coup met un ternie à nos douleurs, ne saurait vous satisfaire; vous déchirez nos corps par de longs tourments; vous épuisez nos entrailles par d’interminab1es tortures. Votre cruauté barbare ne peut se contenter des supplices ordinaires; elle s’ingénie à en découvrir de nouveaux. (259)