V. 19
« Les Hommes emploient le pain et le vin pour rire et, se divertir et pour passer leur vie en festins; et toutes choses obéissent à l'argent. » Je crois que ceci est une suite du verset précédent dans le sens que nous lui avons donné ; car nous avons dit que la négligence et l'indolence de ceux qui gouvernent l'Église est cause que le toit de cette maison tombe par terre et qu'il y pleut partout. C'est donc de ces maîtres et de ces gouverneurs que l'Écriture veut encore parler. Elle leur a d'abord reproché leur silence et le peu de soin qu'ils ont de remplir les devoirs d'évêques et de prêtres: ici elle s'élève contre ceux qui enseignent dans l'Église, mais qui ne prêchent que ce qui peut flatter les passions de leurs auditeurs ou ce qui leur attire les applaudissements d'un grand peuple, d'un célèbre auditoire. En effet ne vous. semble-t-il point, quand vous entendez dans l'Église des discours élégants et affectés qui promettent à tout un grand auditoire la béatitude et le royaume de cieux , que. vous voyez un prédicateur qui se sert. du pain de la parole de Dieu pour rire et se divertir, et qui emploie son vin en festins avec ceux qui l'écoutent? N'êtes-vous pas persuadé qu'il ne fait ces agréables promesses au peuple que pour acquérir par là des biens, des récompenses et des richesses périssables? Le pain qu'on distribue dans l'Église est le pain de ceux qui pleurent et non de ceux qui rient, selon cette parole de l'Evangile: « heureux sont ceux qui pleurent, parce que ce sont eux qui riront ! » Ce pain donc ne doit pas se faire parmi les ris et les joies de la vie présente.
Quant à ce qui est dit sur la fin de ce verset « Et toutes choses obéissent à l'argent , » cela peut avoir deux significations et deux sens différents ; car ces paroles peuvent marquer qu'après que les docteurs se sont enrichis par leurs flatteries et par leurs lâches complaisances, ils se l'ont ensuite obéir et servir par les peuples sur lesquels ils exercent leur domination ; nubien cela marque qu'un peuple ignorant et grossier se soumet et se laisse facilement gagner par des discours qui ont du brillant et qui sont composés de belles paroles, dont l’argent est le symbole, comme il parait par cet endroit des Psaumes : « Les paroles du Seigneur sont des paroles chastes, elles sont comme un argent purifié par le feu et qui a passé par sept épreuves. »
