V. 20
« Ne parlez point mal du roi dans votre esprit, et ne médisez pas du riche dans le. secret de. votre chambre ; parce que les oiseaux même du ciel rapporteront vos paroles, et ceux qui ont des ailes publieront ce que vous avez dit. » Ce commandement de l'Ecriture, pris dans le sens le plus simple et le plus naturel, est d'une grande édification pour tous ceux qui l'écoutent et qui le mettent en pratique. On nous ordonne donc de ne pas nous laisser surmonter par l'impatience et par la colère, et de ne point, dans nos emportements, parler mal et maudire les rois et les princes, parce qu'il arrive souvent que les choses que nous avons dites sont rapportées aux personnes que nous avons offensées, et que nous sommes punis d'avoir mal parlé lorsque nous nous y attendions le moins. Mais quand l'Ecclésiaste dit : « Les oiseaux même du ciel rapporteront vos paroles, et ceux qui ont des ailes les publieront,» il faut se souvenir que c'est une expression hyperbolique, comme quand on dit ordinairement que les murailles des lieux où nous parlons ne cacheront point ce que nous aurons dit inconsidérément.
Si nous voulons prendre ce commandement dans un sens plus élevé et plus parfait, nous en ferons un principe de religion et de piété en nous persuadant, non-seulement qu'il ne faut point parler témérairement contre Jésus-Christ, mais que, dans les afflictions mêmes qui nous serrent de plus près, nous devons bien prendre garde de ne rien penser dans notre coeur qui sente l'impiété et le blasphème. Et comme l'amour que nous devons à Jésus-Christ doit s'étendre sur le prochain pour être conforme à cette règle : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu, et votre prochain comme vous-même, » il parait qu'on nous ordonne aussi en cet endroit d'épargner les saints après leur roi, de ne point parler mal d'eux dans nos discours, c'est-à-dire de ne point diminuer la réputation de leur sagesse, de leur science ou de leurs vertus par des paroles de médisance et des termes piquants; car les anges, qui l'ont le tour de la terre et qui sont destinés au service des élus, porteront au ciel, comme des oiseaux, nos paroles et nos pensées; sans ajouter que Dieu connaît par lui-même ce qui est le plus caché dans notre esprit et dans notre coeur.
