5.
Qu'il daigne donc m'envoyer ses opinions par écrit, et me corriger par de bons avis de cette démangeaison d'écrire qu'il me reproche, et alors il verra que les choses se passent tout autrement dans une dispute réglée que dans un cercle d'amis, et qu'il n'est pas si aisé de raisonner sur les dogmes de la foi dans une assemblée de savants qu'au milieu des fuseaux et des corbeilles à ouvrage des jeunes filles. Il marche maintenant tête levée, il fait grand bruit en public, il condamne hautement le mariage, et quand il se trouve avec des femmes enceintes ou auprès du lit des gens mariés, et au milieu d'enfants qui crient dans le berceau, il supprime méchamment ce que l'Apôtre dit en faveur du mariage, afin de l'aire tomber sur moi seul la haine du public. Mais une fois que nous aurons publié nos opinions, que la discussion sera commencée, que nous citerons l'un et l'autre les passages de l'Ecriture, alors on verra notre homme se tourmenter et demeurer muet. Les Epicure et les Aristippe ne seront point là pour le soutenir ; on n'y verra point de porchers, on n'y entendra point de truie grogner; « et nous aussi, nous lançons nos traits d'une main sûre, et le sang coule des blessures que nous faisons. »
Au reste, s'il ne veut point écrire, et s'il est résolu à n'employer contre moi que la médisance et la calomnie, qu'il écoute du moins, malgré la vaste étendue de terres et de mers qui nous séparent, qu'il écoute, dis-je, cette déclaration: Je ne blâme point les noces, je ne condamne point, le mariage. Et afin qu'il soit pleinement convaincu de mes sentiments, je veux bien que tous ceux qui n’osent coucher seuls se marient.
