CHAPITRE XXVI : MÉLITON ET CEUX DONT IL PARLE
[1] En ces temps, Méliton, évêque de l'église de Sardes, et Apollinaire, évêque de celle de Jérusalem, se distinguaient aussi par l'éclat de leur science. Chacun de son côté, ils adressèrent des écrits apologétiques de la foi à l'empereur romain de cette époque dont il a été question. [2] De leurs travaux, voici ceux qui sont venus à notre connaissance : de Méliton, les deux livres Sur la Pâque, le livre De la manière de vivre et des prophètes, celui De l'Eglise, Du dimanche, De la foi de 473 l'homme, De la création, De la soumission des sens à la foi ; en outre le livre Sur l'âme et le corps ou sur l'unité; et l'écrit Sur le baptême et sur la vérité et sur la foi et la génération du Christ ; un livre de sa prophétie; [Sur l'âme et le corps;] le livre Sur l'hospitalité, La clef, Du diable et de l'Apocalypse de Jean, De Dieu corporel et, enfin, l'opuscule A Antonin (voy. l'Appendice).1
[3] Au début du livre De la Pâque, Méliton indique l'époque où il écrivit, en ces termes :
« Sous Servilius Paulus, proconsul d'Asie, au temps où Sagaris fut martyr, surgit un débat important à Lao- dicée concernantla Pâque, qui arriva justement ces jours- là, et c'est alors que ceci a été écrit. »2
[4] Clément d'Alexandrie dans son ouvrage sur la Pâque mentionne ce livre de Méliton et dit lui avoir inspiré d'entreprendre son travail.
[5] Pans l'ouvrage qu'il adressa à l'empereur, Méliton raconte ceci qui a été accompli contre nous sous son règne :
« Ce qui n'était jamais arrivé, la race de ceux qui honorent Dieu est maintenant persécutée en Asie en vertu de récents édits. Des sycophantes sans pudeur et désireux du bien des autres prennent prétexte de ces ordonnances pour voler ouvertement et piller la nuit comme le jour des gens qui sont innocents. »
[6] II dit plus loin :
« Si cela se fait par ton ordre, c'est bien : un prince 475 juste ne peut en effet rien ordonner d'inique ; pour nous, nous recevrons avec joie la récompense d'une telle mort. Mais nous t'adressons cette seule requête : examine d'abord toi-même l'affaire de ceux qui sont les auteurs d'une telle obstination, et juge équitablement s'ils méritent la mort et le châtiment ou bien la vie sauve et la paix. Cependant si cette résolution et ce nouveau décret, qui seraient déplacés même contre des ennemis barbares ne sont pas de toi, nous te prions avec plus d'instance encore de ne pas nous abandonner dans un pareil brigandage public. »
[7] II ajoute encore ceci :
« En effet, la philosophie qui est la nôtre a d'abord fleuri chez les barbares ; puis, elle s'est épanouie, parmi tes peuples sous le grand règne d'Auguste, ton aïeul, et ce fut surtout pour ton propre règne un bon augure. Car depuis, la grandeur, l'éclat et la puissance de Rome ont toujours grandi. Toi-même, tu en fus l'héritier désiré ; tu le resteras avec ton fils, si tu conserves la philosophie qui est née avec l'empire, a commencé sous Auguste, et que tes ancêtres ont honorée à côté des autres religions. [8] C'est une très grande preuve de l'excellence de notre doctrine qu'elle se soit épanouie on même temps que l'heureuse institution de l'empire, et que, depuis lors, à partir du règne d'Auguste, rien de regrettable ne soit arrivé mais au contraire que tout ait été brillant et glorieux selon les vœux de chacun. [9] Seuls entre tous, excités par des hommes malveillants, Néron et Domitien ont voulu faire de notre 477 doctrine un sujet d'accusation ; depuis ces princes, selon une. déraisonnable coutume, le mensonge des dénonciateurs a coulé contre nous. [10] Mais tes pieux ancêtres ont réprimé leur aveuglement ; ils ont écrit fréquemment et à beaucoup, pour les blâmer d'avoir excité des soulèvements contre les chrétiens. C'est ainsi qu'il est avéré que ton grand-père. Hadrien a écrit à plusieurs, notamment à Fundanus, proconsul d'Asie. Ton père, alors même qu'il gouvernait l'empire avec toi, a mandé par lettres aux villes, et entre autres, aux habitants de Larisse, de Thessalonique et d'Athènes , ainsi qu'à tous les Grecs, de ne pas soulever de troubles à notre sujet. [11] Quant à toi, qui es tout à fait dans leur manière de voir, avec encore plus d'humanité et de philosophie, nous sommes convaincus que tu feras tout ce que nous te demandons. »
[12] Voilà ce qui se trouve dans l'ouvrage dont nous avons parlé. Au début des Extraits qu'il a composés, dans l'introduction, le même auteur fait le catalogue des écrits incontestés de l'Ancien Testament. Il est nécessaire de le reproduire ici ; en voici les termes :
« [13] Méliton à Onésime, son frère, salut. Ton zèle pour la doctrine t'a fait souvent désirer d'avoir des extraits de la Loi et des Prophètes concernant le Sauveur et toute notre foi; tu as souhaité aussi savoir avec précision quels sont les livres saints anciens, quel est leur nombre et l'ordre où ils sont placés. Je me suis appliqué à cette œuvre : je sais ton zèle pour la foi, ton 479 ardeur à connaître la doctrine ; je sais que c'est par amour de Dieu que tu mets cela avant tout le reste, et que tu combats pour le salut éternel. [14] Etant donc allé en Orient, j'ai demeuré là où a été annoncé et accompli ce que contient l'Écriture; j'ai appris avec exactitude quels sont les livres de l'Ancien Testament; j'en ai dressé la liste, et je te l'envoie. Voici les noms : cinq livres de Moïse : la Genèse, l'Exode, les Nombres, le Lévitique ; le Deutéronome, Jésus Navé, les Juges, Ruth, quatre livres des Rois, deux des Paralipomènes, les Psaumes de David, les Proverbes de Salomon ce qui est aussi la Sagesse, l'Ecclésiaste, le Cantique des cantiques, Job; les livres des prophètes : Isaïe, Jérémie, les douze prophètes en un seul livre, Daniel, Ézéchiel; Εsdras. De ces écrits j'ai fait des extraits que j'ai divisés en six livres. » Voilà ce qui est de Méliton.3
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ἢ ἕνος: ἢ νοός , ἦν ἐν οἷς et mente lat.,om. M syr. — καὶ ὁ περὶ ἀληθείας.A lat. ; JER., De uiris, xxiv ; καὶ περὶ ἀληθείας; BDM, καὶ ἀληθείας; ERT, « und über die Wahrheit », syr. — πίστεως BDEMHT syr,, lat., κτίσεως A, om. JER. Le texte qu'on lit aujourd'hui dans Eusèbe me paraît être une très ancienne correction d'un titre peu conforme à l'orttiodoxie postérieure; Méliton devait entendre le texte des Proverbes, viii, 22, comme beaucoup de ses contemporains, voy. plus haut, t, ii, 14-15, — λόγος αὐτοῦ προφητείας : De prophetia sua, JEROME, De uiris, xxiv ; d'après le même écrivain, Tertullien se moquait de Méliton, que les catholiques en général, considéraient en général comme un prophète. — καὶ περὶ ψυχῆς καὶ σὼματος; : interpolation due a la répétition du titre donné deux lignes plus haut; omis par saint Jérôme, ib., et par EUT, « nach Conjectur », dit M. Schwartz, ↩
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Σερουίννου Παύλου ABERT, Σερουλλίου Παύλου, M, Σερουίννου Παύλου D, Sergio Paulo Rufus d'après Act. xiii, 7 (qui n'a d'ailleurs pas de rapport avec ces événements] ; en réalité, L. Sergius Paullus, proconsul d'Asie vers 164-166 (WADDINGTON, Fastes des provinces asiatiques de l'Empire romain, Paris, 1872; n° 148). — ἐν βαρβάρους ἤκμασεν : thème d'apologiste ; voy, JUSTIN, Apol., I, v, 518 3 et la note éd. PAUTIGNY), p. xxviii, et l'index, p. 185, v°. — μόνοι πάντων : autre lieu commun d'apologiste ; voy. TERTULLIEN, Apol., ν. — τὰ σύμπαντα διοικοῦντος : le texte de Méliton devait être τὰ πάντα συνδιοικοῦντος, comme le suppose Valois. ↩
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ἣ καὶ Σοφία AT lat. syr. (« was Weisheit »),, ἡ καὶ Β SCHWARTZ, καὶ ἡ EMR. Cette façon de désigner un surnom ou un deuxième nom se rencontre aussi en latin sous la forme qui (quae) et; Rev. de philologie, t. XVI (1892, p. 29. ↩