XVII.
L'instabilité est le caractère de notre nature, ainsi Dieu l'a voulu, suivez-en les différentes phases. Dès le principe, notre vie et sa durée sont sujettes à bien des vicissitudes, interrompues tantôt par le sommeil, tantôt par la mort, tantôt par les transformations de chaque âge qui se succèdent les unes aux autres d'une manière presqu'insensible. Quel homme, en effet, si l'expérience ne venait au secours de sa raison, pourrait s'imaginer qu'une semence molle et homogène renfermât tant et de si grandes facultés, et les ressorts puissants de toutes ces parties diverses qui s'emboîtent si parfaitement, je veux dire les os, les nerfs, les cartilages, les muscles, les chairs et les entrailles ? Qui de nous soupçonnerait tout cela dans ce germe encore humide? Quelle différence entre l'état de l'enfance et celui de la jeunesse, entre la jeunesse et l'âge mûr, ou le déclin de la vie? Dans chacun de ces divers périodes, vous n'apercevez rien qui annonce les suivants, et ces changements passent, les uns inaperçus, d'autres laissant à peine entrevoir quelques indices de ceux qui doivent suivre naturellement. A moins d'être insensé ou complètement aveugle, qui ne convient de cette vérité? Ne sait-on pas qu'il faut d'abord déposer le germe qui doit former le corps ; qu'à la faveur de ce germe, tous les membres et toutes leurs parties se développent ; que le fœtus ayant vu le jour, le premier âge reçoit son accroissement ; qu'a ce premier développement succède l'âge viril ou l'âge parfait; à celui-ci, le déclin des facultés naturelles jusqu'à la vieillesse ; qu'enfin la dissolution du corps vient mettre un terme à sa décrépitude. Si donc, dans cette circonstance, ou la semence n'indique en aucune manière la vie et la forme de l'homme ; où l'existence ne fait point pressentir la dissolution du corps réduit à ces premiers éléments, on déduit néanmoins, de l'enchaînement naturel des choses, l'existence future de celles qu'on ne peut avoir sous les yeux : à plus forte raison l'enchaînement de nos démonstrations, plus sûr que toutes les preuves d'expérience, doit-il confirmer le dogme de la résurrection?
