XX.
Ou bien, la mort est l'extinction totale de la vie, de manière que l'âme s'évanouit comme un souffle et qu'elle périt avec le corps ; ou bien, l'âme se conservant par elle-même sans se corrompre, ni se diviser, ni se dissoudre, le corps seul périt et se décompose, sans garder aucun souvenir dupasse, aucun sentiment de ce qu'il lui est arrivé à l'occasion de l'âme. Si la vie de l'homme s'éteint tout entière, c'en est donc fait : il est vrai de dire que Dieu ne se mêle pas de l'homme, qu'il ne distingue pas le bon du méchant. Alors se reproduit tout Ce que nous avons dit d'une vie qui n'a plus de frein, et cette foule de conséquences absurdes qui en découlent, cet affreux abîme de l'athéisme. Mais si le corps seul périt, si chacune de ses parties se dissout et retourne à ses éléments primitifs, tandis que l'âme subsiste par elle-même, incorruptible de sa nature, en ce cas il ne peut encore y avoir de jugement, ou s'il y en a un, il ne sera pas équitable. Mais c'est un crime de supposer qu'un jugement émané de Dieu puisse être injuste. Or, je vous le demande., où serait la justice de ce jugement, si celui qui a fait le bien ou le mal n'est pas là? En effet, c'est à l'homme, et non point à l'âme seule, qu'il faut attribuer les actions de la vie soumises à ce jugement. Pour tout dire, en un mot, un jugement semblable est inique sous tous les rapports.
