7.
Que la lutte engagée contre les Juifs en reste là: Aujourd'hui nous avons préludé au combat contre eux; nous en avons dit assez pour la sécurité de nos frères. Je dois maintenant vous exhorter, vous qui êtes présents, je vous exhorte donc à prendre beaucoup de soin de nos frères. Ne dites pas : Que m'importe? Pourquoi serai-je curieux, et me mêlerai-je de beaucoup de choses qui ne me regardent pas ? Notre Maître est mort pour les hommes, et vous ne proférerez pas une parole pour eux? Quel pardon obtiendrez-vous ? quelle excuse trouverez-vous? avec quelle confiance vous tiendrez-vous devant le tribunal de Jésus-Christ, après que vous aurez regardé d'un oeil indifférent la perte de tant d'âmes? Plût à Dieu qu'il me fût possible de voir nos chrétiens courir se mêler avec les Juifs, je n'aurais pas besoin de vous pour leur faire la correction la plus prompte et la plus complète.
Quand, pour ramener un frère dans la bonne voie, il vous faudrait sacrifier votre vie, n'hésitez pas. Imitez votre Maître, et si vous avez un domestique, ou une femme, retenez-les à la maison avec beaucoup de fermeté. Si vous ne leur permettez pas d'aller au théâtre, beaucoup moins faut-il leur permettre d'aller à la synagogue, parce que c'est un plus grand mal d'aller à la synagogue qu'au théâtre; aller au théâtre est à la vérité un péché, mais aller à la synagogue, c'est une impiété. Gardez-vous de conclure de là que l'on peut aller au théâtre; non, c'est un mal, mais évitez avec encore plus de soin la synagogue, pire que le théâtre. Qu'allez-vous voir dans la synagogue des Juifs, ennemis de Dieu, dites-moi? Des hommes sonnant de la trompette? Vous allez les entendre lorsque vous devriez, restant dans votre maison, gémir et pleurer sur l'opiniâtreté que ce peuple apporte dans sa lutte contre Dieu ! — Vous allez les voir lorsqu'ils ont le diable qui danse avec eux. Comme je l'ai dit précédemment, tout ce qui se fait contre la volonté de Dieu, quoique permis d'abord, devient une iniquité, quand la défense est portée, et la cause d'une infinité de supplices pour les coupables. Les Juifs sonnaient de la trompette lorsqu'ils avaient les sacrifices; mais maintenant il ne leur est plus permis de le faire. Ecoutez d'où leur sont venues les trompettes. Fais-toi, est-il dit, des trompettes d'argent, battues au marteau. (Nomb. X, 2.) Puis, pour en expliquer l'usage, Dieu poursuit : Vous en sonnerez dans les holocaustes, et dans les sacrifices que vous offrirez en action de grâces pour votre délivrance. Où est donc l'autel? où est l'arche? où sont le tabernacle et le saint des saints? où est le prêtre? où sont les chérubins de gloire? où est l'autel des parfums, couvert d'or? où est le propitiatoire? où est la coupe? où sont les vases pour les libations? où est le feu tombé d'en-haut? Vous avez vu se perdre toutes ces choses, et vous ne gardez que les trompettes? Vous le voyez, de leur part c'est un amusement plus qu'une adoration.
Mais si nous condamnons les Juifs, parce qu'ils transgressent la Loi, nous vous condamnons beaucoup plus, vous chrétiens qui vous rendez complices de ces transgresseurs, et nous ne condamnons pas seulement ceux qui participent à la transgression de la Loi, mais encore ceux qui sont maîtres de l'empêcher et ne le veulent pas. Ne me dites pas : qu'ai-je de commun avec un tel? C'est un étranger pour moi, et un inconnu. Vous vous trompez, cet homme est un fidèle, il participe aux mêmes mystères que vous, il vient dans la même église et c'est là un lien plus étroit que celui qui unit des frères, des parents, des amis, et que n'importe quel autre lien. Les voleurs, et ceux qui sont les maîtres de les empêcher, et ne les empêchent pas, subissent le même châtiment que les autres; de même les impies et ceux qui peuvent les détourner de l'impiété et ne le veulent pas, soit par paresse, soit par timidité, sont punis de supplices pareils. Celui qui avait enfoui son talent, le rendit tout entier à son maître; cependant, il fut puni pour ne l'avoir pas fait fructifier. (Matth. XVIII, 24 et suiv.) Par conséquent, vous aussi, quand même vous resteriez pur et innocent, si vous ne faites pas fructifier votre talent, et que vous ne rameniez pas au salut un frère qui périt, vous subirez les mêmes châtiments que lui.
Que vous demandé je de difficile, mes bien-aimés? Que chacun de vous sauve un de ses frères : soyez empressés, occupez-vous de cette affaire importante afin que vous vous présentiez avec beaucoup de confiance à la prochaine réunion, apportant à Dieu les dons les plus précieux de tous, des âmes que vous aurez tirées de l'égarement; bravez les injures et les coups, souffrez tout ce qu'il faudra souffrir pour les recouvrer. Nous supportons les malades récalcitrants, qui injurient et outragent; les injures ne nous touchent pas, nous ne désirons qu'une seule chose, la santé du malheureux qui se livre à ces excès. Le malade pousse quelquefois l'injure jusqu'à déchirer les vêtements du médecin, sans que celui-ci cesse pour cela de le soigner. N'est-il pas incroyable que l'on s'occupe des corps avec tant de soin, et que l'on soit si négligent pour sauver les âmes. A cet égard, l'indifférence est si grande que l'on voit périr ses frères sans en être plus touché que d'une chose ordinaire et sans gravité. Ce n'est pas ainsi qu'agissait Paul : Qui est faible, dit-il, sans qu e je m'affaiblisse? qui est scandalisé sans que je brûle? (II Cor. XI, 29.) Vous aussi brûlez de ce feu; et si vous voyez un frère périr, quand il vous outragerait, quand il vous injurierait, quand il vous frapperait, quand il vous menacerait de devenir votre ennemi, quand il essayerait toute autre chose, supportez tout généreusement, afin d'obtenir son salut. Si celui-ci devient votre ennemi, Dieu sera votre ami, et, au jour des rémunérations , vous donnera les grands biens pour récompense. Plaise à Dieu, par les prières des saints, que les égarés soient sauvés; que vous reveniez heureux de cette chasse; et que ces Juifs blasphémateurs mêmes, délivrés de l'impiété, connaissent Jésus-Christ qui a été crucifié pour eux; afin que tous, unanimement et d'une seule voix, nous glorifiions Dieu et le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et la puissance, avec le Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
