CHAPITRE XVII.
DE LA FOI ET DU SYMBOLE. — UN LIVRE.
Vers la même époque, par l’ordre et en présence des évêques qui célébraient à Hippone un concile plénier de toute l’Afrique, je fis, étant prêtre, une conférence sur la foi et sur le symbole. C’est cette conférence dont j’ai formé un livre, sur les instances pressantes de quelques-uns de nos plus chers et intimes amis. J’y disserte sur ces grands sujets, en m’attachant plus aux choses elles-mêmes qu’à l’arrangement des mots que l’on donne à retenir à ceux qui demandent le baptême. Parlant dans ce livre de la résurrection de la chair, je dis : « Selon la foi chrétienne, qui est infaillible, le corps ressuscitera. Cette vérité paraît incroyable à qui ne fait attention qu’à la chair en son état actuel, et ne considère pas ce qu’elle doit être dans son état futur : dans ce temps d’angélique changement, il n’y aura plus de chair et de sang, il n’y aura plus qu’un corps 1. » Ajoutez tout ce que j’ai enseigné sur la commutation des corps terrestres en corps célestes , selon ce que dit l’Apôtre : «La chair et le sang ne posséderont pas le royaume de Dieu. » Si l’on comprenait mes paroles en ce sens que le corps terrestre tel que nous l’avons sera changé par la résurrection en un corps céleste, de telle façon qu’il n’ait ni ses membres ni la substance de sa chair actuelle, ce serait une erreur, et il la faudrait corriger. Car nous savons que le corps de Notre-Seigneur, après sa résurrection, a été non-seulement montré aux regards avec les mêmes membres, mais s’est livré au toucher, et que lui-même confirmait la réalité de sa chair par ces paroles : « Voyez et touchez : un esprit n’a pas de chair et d’os comme vous «voyez que j’en ai 2. » D’où il suit que l’Apôtre n’a pas nié que la substance de la chair ne se retrouvât au royaume de Dieu; il a voulu seulement, par ce nom de chair et de sang, désigner ou les hommes qui vivent selon la chair, ou bien la corruption de la chair, qui n’existera plus alors. Lorsqu’en effet il dit: « La chair et le sang ne posséderont pas le royaume de Dieu, » on comprend bien qu’il explique lui-même ce qu’il a dit en ajoutant aussitôt: « Et la corruption ne possédera pas l’incorruptibilité 3. » Sur ce point difficile à persuader aux infidèles, on trouvera une dissertation aussi complète que j’ai pu la faire dans mon dernier livre de la Cité de Dieu.
Ce livre commence ainsi : « Puisqu’il est écrit. »
