15.
On voit bien, jeune homme, répliquai-je, que tu ignores combien l'on a écrit et quels hommes ont écrit contre la divination. Mais dis-moi maintenant, non pas si quelque chose arrive sans cause, car je le vois, tu ne veux point répondre à cette question, mais si cet ordre dont tu t'es fait le défenseur te paraît un bien ou un mal. Alors d'un ton mécontent: Tu n'as pas, dit-il, posé la question de manière que je puisse répondre ni oui ni non; je vois ici un certain milieu, et l'ordre ne m'apparaît ni un bien ni un mal. Mais du moins. dis-je, que regardes-tu comme contraire à l'ordre ? Rien, répliqua-t-il; comment y aurait-il quelque chose de contraire à ce qui occupe tout et embrasse tout ? Tout ce qui serait contraire à l'ordre serait nécessairement en dehors de l'ordre; et je ne vois rien en dehors de l'ordre. Donc il ne faut pas croire qu'il y ait rien de contraire à l'ordre. Est-ce donc, dit Trygétius, que l'erreur n'est pas contraire à l'ordre ? Nullement, répondit-il, car je ne vois personne errer sans une cause, et l'enchaînement des causes est du ressort de l'ordre. L'erreur elle-même non-seulement provient d'une cause, mais produit encore un effet dont elle est ainsi la cause. C'est pourquoi n'étant point en dehors de l'ordre, elle ne peut lui être contraire.
