CHAPITRE II. L'OUVRAGE DÉDIÉ A ZÉNOBIUS. — PERSONNAGES DU DIALOGUE.
Ainsi rendu à lui-même l'esprit comprend la beauté de l'univers, qui tire principalement son nom de l'unité. C'est pourquoi cette beauté ne saurait être contemplée par l'âme qui se jette à tant d'objets, et dont l'avidité ne produit que l'indigence, et qui ne sait qu'on ne peut y échapper qu'en se séparant de la multitude. Par multitude , je n'entends pas celle des hommes, mais bien la multitude de tout ce qu'atteignent les sens.
Rien d'étonnant que plus nous voulons embrasser, plus est grande notre disette. Quelque étendu que soit un cercle, tu y trouves un milieu où tout converge, et que les géomètres appellent centre ; et quoique toutes les parties de la circonférence se puissent diviser à l'infini, il n'y a cependant que le point central qui soit à égale distance des autres points et qui les domine également, parce qu'il a sur eux un droit égal. Sors de là pour te jeter d'un côté ou d'un autre, tu perds le tout en cherchant les parties. De même l'esprit qui se répand en dehors de soi, divague en une certaine immensité, et se livre en proie à une mendicité réelle. Sa nature exige qu'il cherche partout l'unité, et la multitude ne permet pas qu'il la rencontre.
Rét. liv. I ch. 3, n. 2. ↩
