21.
Aug. Maintenant que tu connais, si je ne me trompe, et longueur, et largeur, et profondeur, dis-moi si la longueur et la largeur peuvent ne pas être partout où il y a profondeur? — Ev. Je vois que la profondeur ne peut exister sans longueur, mais qu'elle peut être sans largeur. — Aug. Reviens donc à ton idée de largeur, et si tu te la figures gisante à terre, relève-la sur un de ses côtés, comme si tu voulais la faire passer par la fente étroite de deux portes closes. Ne saisis-tu pas mon dessein? — Ev. Je comprends tes paroles, mais peut-être pas encore ton dessein. — Aug. C'est que tu me répondes, si la largeur ainsi dressée est devenue profondeur, et si elle a perdu la figure et le nom de largeur; est-elle encore largeur, nonobstant sa nouvelle situation? — Ev. Elle me paraît devenue profondeur. — Aug. Te souviens-tu, de grâce, comment nous avions défini la profondeur? — Ev. Je m'en souviens très-bien, et rougis de ma réponse; car la largeur ainsi redressée n'admet plus vers sa base de division dans sa longueur; et dès lors la pensée ne nous montre plus rien en elle d'intérieur, bien qu'elle nous montre un milieu et des extrémités. Mais d'après la définition que tu m'as rappelée de la profondeur, il n'y a nulle profondeur là où rien d'intérieur ne peut se figurer. — Aug. C'est bien dit, et c'est là ce que je voulais te rappeler. Réponds-moi donc maintenant préfères-tu la vérité à la fausseté? — Ev. Le doute serait ici une incroyable démence. — Aug. Dis-moi donc, je t'en prie, est-ce une vraie ligne celle que l'on peut partager dans sa longueur? un véritable signe celui que l'on peut partager de quelque manière? ou une véritable largeur, celle qui, élevée comme nous l'avons supposée, peut être divisée vers le bas dans sa longueur? — Ev. Rien moins que cela.
