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Ev. Quel parti ai-je donc à prendre, je t'en conjure? Ces raisons ne prouvent-elles pas que nos âmes, ne sont point dans nos corps, et si c'est vrai, où suis-je? car nul ne peut m'empêcher d'être mon âme. — Aug. Ne te trouble point; prends plutôt confiance, car cette idée, cette considération, nous rappelle en nous-mêmes et nous détache du corps autant qu'il est possible. Il paraît sans doute absurde de penser, comme tu viens de le dire, que l'âme n'est point dans le corps même de l’animal vivant; il y a eu néanmoins, il y a encore, je présume, des hommes savants pour le croire. Mais, tu le comprends, c'est une question bien profonde; elle demande que pour la résoudre, on purifie suffisamment l'oeil de l'esprit. Examine plutôt en ce moment comment tu pourrais démontrer que l'âme est longue ou large, ou bien qu'elle a quelque autre dimension semblable : car, tu le sens, la raison que tu prétendais tirer du toucher n'atteint pas la vérité; elle ne saurait nous convaincre que l'âme est, comme le sang, répandue dans tout le corps. Si, néanmoins, tu n'as plus d'argument à présenter, examinons ce qui nous reste.
