XLIII.
Le fruit de la vigne transformé 1. — Le Seigneur dit à ses disciples, au temps de sa passion : « Je ne boirai point désormais de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour dans lequel je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. » Entendons que le premier fruit symbolise ce qui est ancien, puisque le second est appelé un fruit nouveau. Le Seigneur avait pris d'Adam, qui est appelé le vieil homme, un corps qu'il devait livrer à la mort dans sa passion ; de là le mystère du vin, symbole de son sang. Quant au fruit nouveau de la vigne, que faut-il entendre par là, sinon l'immortalité des corps renouvelés par la résurrection ? Jésus dit : « Je boirai avec vous; » la résurrection qui doit revêtir les corps d'immortalité est promise aux disciples eux-mêmes: non qu'elle doive s'opérer, dans le même temps que celle du Seigneur; tel n'est point le sens de ces mots: « avec vous; » mais parce qu'elle est un renouvellement semblable. C'est ainsi que l'Apôtre dit que nous sommes ressuscités avec Jésus-Christ 2, rendant présentes déjà par l'espérance les joies futures de l'éternité.
Le fruit de la vigne dont le Seigneur dit qu'il n'en boira plus, est le même dont il dit ensuite qu'il le boira nouveau. Cela signifie que la résurrection renouvellera dans la gloire les mêmes corps soumis maintenant, dans l'état du vieil homme terrestre, à la nécessité de mourir. Si l'on entend par ce fruit ancien de la vigne dont le Seigneur a bu le calice dans sa passion, les Juifs eux-mêmes ; il faudra reconnaître également dans le fruit nouveau la vie nouvelle de ce même peuple et son incorporation au Christ, quand la plénitude des Gentils étant entrée, tout Israël obtiendra le salut 3.
