VI.
Instruits par tant de leçons, veillons, mes frères bien-aimés, et affermissons, contre ce fléau, nos âmes qui appartiennent à Dieu. Que la perte des autres contribue à notre salut, et que le châtiment des insensés nous serve de remède.
2° Ne croyez pas que l’envie se présente sous une forme unique et que ses effets soient restreints; non : ce fléau est aussi multiple que fécond en désastres. L’envie est la racine de tous les maux; elle est une source de calamités, une semence inépuisable de crimes et d’erreurs. C’est d’elle que naissent et la haine et l’animosité. Elle enflamme l’avarice : comment se contenter de ce qu’on possède, quand un autre est plus riche? Elle excite l’ambition: comment conserver l’empire sur soi-même, en présence d’un homme plus honoré que nous? Ainsi on oublie la crainte de Dieu et les enseignements du Christ, et on ne pense pas au jour du jugement. De là l’orgueil avec ses folies, la perfidie avec ses prévarications, la cruauté, l’impatience, la discorde, la colère avec leurs emportements et leurs fureurs. Comment se contenir ou se diriger, quand on se trouve sous l’empire d’une puissance étrangère? aussi les liens de la paix se brisent; la charité disparaît; la vérité s’efface; l’unité (9) se déchire; on se jette dans l’hérésie et dans le schisme. Pourquoi? Parce qu’on résiste aux prêtres; qu’on porte envie aux évêques; que les clercs se plaignent-ou de n’avoir pas été ordonnés plus tôt, ou de trouver un supérieur dans celui qui était autrefois un égal. L’envie, telle est la cause de toutes ces résistances et de toutes ces rébellions; ce n’est pas à l’homme qu’on en veut, mais à l’honneur dont il est revêtu.
