VII.
3° Or, mes frères, quel ver rongeur pour l’âme, quel ulcère pour le coeur! envier dans un autre ou la vertu ou le bonheur, c’est-à-dire haïr en lui ou ses mérites ou les bienfaits divins; faire de la félicité d’autrui un tourment pour soi-même; trouver son châtiment et son supplice dans la prospérité et dans la gloire des autres; attacher à son coeur, à ses sens, à ses pensées comme des bourreaux qui fouillent, déchirent et torturent sans pitié; non, cette existence n’est pas possible. Dans cet état, la nourriture devient insipide; le temps s’écoule dans les soupirs, dans les gémissements; dans la souffrance; et, comme on est obligé ,de renfermer le fatal secret au fond de son coeur, il se venge de sa captivité en déchirant jour et nuit sa prison.
Les autres fautes ont un terme: quand l’action coupable est consommée, tout est fini. Dans l’adultère, le crime cesse avec l’assouvissement de la passion; le voleur s’arrête après avoir frappé sa victime; la cupidité du ravisseur s’éteint quand il est maître de sa proie; le faussaire voit triompher sa ruse et se tient pour satisfait. Mais l’envie ne connaît pas de bornes: c’est un mal permanent, un péché sans fin. Plus un adversaire réussit, plus l’envieux sent brûler dans son sein la flamme qui le dévore.
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