10. De la chaussure.
Pour ce qui est des chaussures, ils s'en privent, selon le précepte de l'Évangile; mais lorsque la maladie, les froids du matin pendant l'hiver, ou le soleil brûlant du midi pendant l'été les y obligent, ils prennent seulement des espèces de sandales. Ils pensent que Dieu, en permettant cet usage, nous avertit que, si nous ne pouvons pas, en ce monde, nous délivrer des inquiétudes de la chair et nous en affranchir entièrement, nous devons au moins nous efforcer de les diminuer et de n'accorder à notre corps que ce qui lui est absolument nécessaire. Les pieds de notre âme doivent être toujours prêts à avancer dans la voie spirituelle et à prêcher la paix de l'Évangile afin de courir après l'odeur des parfums de Jésus-Christ (Cant., I, 3), et de dire avec David : « J'ai couru dans l'ardeur de la soif » (Ps. LXI, 8); ou avec Jérémie : « Je n'ai pas de peine à vous suivre. » (Jérém., XVII, 9.) Il ne faut pas les envelopper des peaux mortes du siècle, en allant au delà des besoins de la nature et en désirant un bien-être inutile et coupable; nous ferons ainsi ce que dit l'Apôtre : « Nous ne prendrons pas soin de notre chair selon nos désirs. » (Rom., XIII ,14.)
Mais si ces solitaires portent des sandales, comme Notre-Seigneur le permet, ils ne les gardent jamais, lorsqu'ils vont communier ou célébrer les saints mystères ; ils croient qu'alors ils doivent observer à la lettre ce qui fut dit à moïse ou à Josué, fils de Nave : « Déliez votre chaussure, car le lieu où vous êtes est saint. » (Exod., III, 5; Josué, V, 16.)
